Ce système à base d’hydrogel, développé par une équipe du Brigham and Women's Hospital (Boston) est sensible aux poussées inflammatoires de l'arthrite car il calcule puis ajuste la libération du médicament en fonction du niveau d'inflammation. Un nouveau traitement, innovant, et répondant à un besoin clinique non satisfait, présenté dans la revue Nature Communications.
Les poussées d'arthrite caractérisées par une aggravation imprévisible et soudaine des symptômes de l'arthrite peuvent être handicapantes. Ces épisodes peuvent rendre la gestion de l'arthrite complexe pour les médecins tout autant que pour les patients. Ces chercheurs montrent, contre toute attente, que ces poussées peuvent aussi représenter une opportunité pour améliorer les options de traitement des patients. Ces bioingénieurs ont développé un hydrogel qui peut être chargé de médicaments contre l'arthrite et injecté localement dans une articulation enflammée. Au lieu de délivrer le médicament en continu à un rythme constant, l'hydrogel est conçu pour répondre à l'augmentation de l'activité de la maladie en particulier au cours des poussées, libérant le principe actif alors que les symptômes s'aggravent. Ces résultats de laboratoire prometteurs vont permettre maintenant à l’équipe de passer de la technologie à la clinique.
Le Dr Jeff Karp, bio-ingénieur et chercheur principal au BWH rappelle que s’il existe aujourd’hui de nouvelles thérapeutiques, nombreuses sont celles qui entraînent des effets systémiques toxiques. Un risque quasi-nul avec le système développé ici de libération en local et au moment des crises en réponse à l'inflammation : l'hydrogel sensible à l’inflammation est fabriqué à base de monostéarate de triglycérol (TG-18), un composé « reconnus comme sûr » par l’Agence américaine Food and Drug Administration. TG-18 est une molécule capable de s'auto-assembler, ce qui signifie qu'elle peut former une structure de type gel comprenant des fibres. Cette structure peut être facilement injectée sous forme de suspension. Ici, l'hydrogel TG-18 est chargé avec de l'acétonide de triamcinolone (ou triamcinolone acétonide) mais pourrait être chargé de nombreux autres anti-inflammatoires.
L'hydrogel est conçu pour que la libération de médicament soit déclenchée par l'activité d'enzymes spécifiques liées à l'arthrite, dont les niveaux augmentent pendant les crises. De plus, l'hydrogel traite l'arthrite spécifiquement dans les articulations inflammées.
Pour tester l'hydrogel TG-18, les chercheurs l’ont exposé à plusieurs types d'environnements imitant les articulations arthritiques. Lorsque le gel est incubé dans du liquide synovial provenant d'une articulation humaine saine, la libération du médicament était minime, mais lorsqu'il est incubé dans le liquide synovial d'un patient atteint de polyarthrite rhumatoïde, le médicament libère de l'hydrogel. Bien évidemment, le stock de médicament n'est pas épuisé en une seule libération mais peut « couvrir » plusieurs crises d’arthrite sur une longue durée. Testé ensuite sur un modèle murin d'arthrite inflammatoire, les chercheurs montrent que l'hydrogel injecté localement se dégrade plus rapidement en cas d’arthrite ou de crises sévères, et que les symptômes diminuent avec la libération du médicament.
Cette forme de thérapie locale apparaît dès lors une option de traitement prometteuse pour les patients ayant seulement une ou quelques articulations enflammées. En outre, un patient qui suit déjà un médicament systémique, mais connaît une poussée dans un nombre limité d'articulations, pourra traiter spécifiquement ces articulations plutôt que de modifier ou renforcer sa thérapie systémique.
Les tests se poursuivent sur des modèles précliniques.
Source : Nature Communications 03 April 2018 DOI: 10.1038/s41467-018-03691-1Towards an Arthritis Flare-Responsive Drug Delivery System (Visuel 2 Kai Slaughter)
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