C’est l’hypothèse de cette étude de l’Université du Texas à Dallas qui soutient ainsi un consensus de plus en plus partagé : la douleur commence différemment, au niveau cellulaire, chez les hommes et chez les femmes. Ces experts en neurobiologie de la douleur montrent ici, dans le Journal of Neuroscience, qu'une manipulation spécifique d'un des récepteurs du neurotransmetteur dopaminergique affecte la douleur chronique chez les souris mâles, mais pas chez les femelles. Ces résultats, au-delà de cette différence spécifique de processus sous-jacent à la douleur, incitent à réfléchir à des traitements personnalisés de la douleur chronique, pour les femmes et pour les hommes. Il reste néanmoins à bien identifier les différences de processus au niveau cellulaire.
Pour de mêmes niveaux de douleur, les mécanismes qui entraînent la douleur chez un homme et chez une femme semblent remarquablement distincts, explique l’auteur principal, le Dr. Ted Price.
L'expérience s'est concentrée sur un mécanisme de douleur récemment découvert comme lié aux récepteurs dopaminergiques D5, l'une des 5 classes de récepteurs identifiées pour le neurotransmetteur. Des souris génétiquement privées de ces récepteurs D5 montrent des réponses de douleur significativement réduites, mais seulement les mâles. Ainsi, ce changement cellulaire inverse complètement la genèse de la douleur chronique chez le mâle, mais chez le mâle seulement. Cette découverte d’origines ou de mécanismes spécifiques de la douleur selon le sexe, a été initiée par une recommandation des National Institutes of Health (NIH) qui indiquait que les recherches devraient inclure à la fois des mâles et des femelles. Depuis cette directive, de nombreuses équipes ont découvert de nouveaux mécanismes qui jusque-là avaient été négligés.
Concevoir de nouvelles façons de traiter la douleur : si l’on en revient à la douleur, l’identification de différences profondes entre les hommes et les femmes pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques, personnalisées. « Il devient assez probable que nous développerons des médicaments spécifiques aux hommes et aux femmes pour gérer la douleur chronique », commente l’auteur. Nous devons également examiner les types de cellules qui prolongent ou maintiennent la sensation de douleur, afin d’adapter le traitement en fonction du mécanisme sous-jacent, ce qui n’est pas le cas actuellement. Dans ce cas, les récepteurs D5 apparaissent une cible prometteuse, mais qui ne fonctionnerait que chez les hommes. Or, la plupart des patients souffrant de douleurs chroniques sont des femmes, pas des hommes…
Ainsi, pour ces experts, la découverte du mécanisme D5 n'est pas si importante. Ce qui importe ce sont ces différences sexuelles dans la façon dont la douleur devient chronique.
Source: The Journal of Neuroscience 10 January 2018 DOI: 10.1523/JNEUROSCI.2110-17.2017 A Critical Role for Dopamine D5 Receptors in Pain Chronicity in Male Mice
Lire aussi : FIBROMYALGIE : Pourquoi hommes et femmes gèrent différemment la douleur
Laisser un commentaire