Les patientes atteintes de cancer du sein peuvent être exposées à un risque accru de maladies cardiovasculaires, dont l'insuffisance cardiaque, et bénéficier d'une approche thérapeutique qui pèse les avantages des thérapies spécifiques en fonction de ces dommages cardiaques possibles, avertit l'American Heart Association (AHA) dans sa revue Circulation. Cette déclaration de l’AHA nous propose ainsi un état des lieux des connaissances sur les facteurs de risque communs aux maladies cardiaques et au cancer du sein, les effets cardiaques secondaires de certains traitements du cancer et suggère des stratégies permettant de prévenir ou réduire ces dommages.
Les études épidémiologiques montrent que les survivantes du cancer du sein, surtout les femmes âgées de plus de 65 ans, sont plus susceptibles de mourir de maladie cardiovasculaire que du cancer du sein. Ces données soulignent donc l'importance de gérer efficacement les facteurs de risque cardiaques pendant et après le traitement du cancer. « Toute patiente qui va subir un traitement contre le cancer du sein, avec ou sans maladie cardiaque préexistante, devrait être consciente des effets possibles des traitements sur son cœur », relève le Dr Laxmi Mehta, responsable de la rédaction de la déclaration scientifique et responsable du programme de santé cardiovasculaire des femmes à l'Ohio State.
Prendre de décisions éclairées : l’objectif n’est pas de dissuader ni effrayer les patientes qui suivent un traitement contre le cancer du sein, mais de leur permettre de prendre des décisions éclairées avec leur médecin sur le meilleur traitement.
Quelques exemples :
- certains traitements comme, les thérapies ciblées HER-2, peuvent entraîner un affaiblissement du muscle cardiaque ou insuffisance cardiaque. Dans certains cas, la diminution de la fonction cardiaque est temporaire et l'arrêt du traitement et / ou l'ajout de médicaments pour le cœur peuvent rétablir ou améliorer la fonction. Mais chez certaines patientes atteintes de cancer du sein, l'insuffisance cardiaque peut s’installer de manière permanente. Ainsi, la détection précoce de l'insuffisance cardiaque peut signaler un besoin de ralentir et / ou de modifier le traitement du cancer, en raison du risque d'aggravation de l'état ou du développement d'une insuffisance cardiaque permanente.
- D'autres traitements, tels que la radiothérapie, peuvent également affecter les artères cardiaques et provoquer le développement d'une coronaropathie.
- Certains agents de traitement comme les anthracyclines, peuvent entraîner des arythmies cardiaques bégnines chez certaines patientes, mais sévères voire mortelles chez d’autres.
- Enfin, les antimétabolites peuvent causer des spasmes des artères, ce qui peut entraîner des symptômes de douleur thoracique et jusqu’à des crises cardiaques.
Des modes d’administration différents des agents chimiothérapeutiques courants peuvent permettre de réduire le risque de maladie cardiaque. L’exemple est donné avec la doxorubicine, un médicament chimiothérapeutique utilisé dans le traitement du cancer du sein qui peut causer des dommages aux cellules cardiaques. Des études ont montré que lorsque la doxorubicine est administrée lentement, plutôt que ponctuellement, le risque d'insuffisance cardiaque peut être réduit. Par ailleurs, la dexrazoxane qui pourrait réduire les dommages cellulaires a récemment été approuvé pour les patients atteints d'un cancer du sein métastatique qui reçoivent des doses élevées de doxorubicine…
Un certain nombre de facteurs de risque en commun : les maladies cardiaques et le cancer du sein partagent un certain nombre de risques, dont l'âge avancé, une mauvaise alimentation, les antécédents familiaux, l'inactivité physique et le tabagisme. Le fait que ces maladies partagent ces facteurs de risque suggère qu'il existe des choix de mode de vie, principalement d'alimentation et d'exercice, qui peuvent contribuer à réduire les risques de développer les 2 maladies. Quoiqu’il en soit, les professionnels de santé sont appelés à surveiller la santé cardiaque d'une femme avant, pendant et après son traitement du cancer du sein.
Pendant et après le traitement du cancer du sein, un contrôle optimal des facteurs de risque de maladie cardiaque est nécessaire, concluent les chercheurs.
Les survivantes de cancer du sein ont en effet un risque plus élevé de décès de causes cardiaques que de cancer.
Source : Circulation February 1, 2018 DOI :10.1161/CIR.0000000000000556 Cardiovascular Disease and Breast Cancer: Where These Entities Intersect: A Scientific Statement From the American Heart Association
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