Booster une protéine clé pour aider les os fracturés à se réparer, c’est la nouvelle option, suggérée par ces travaux de l’Université du Michigan. Face « à la réalité », c’est-à-dire au trop grand nombre de fractures qui ne guérissent pas tout à fait ou mal, cette équipe de scientifiques suggère une nouvelle approche thérapeutique : un ligand particulier qui se lie à une cellule de livraison pour activer la guérison osseuse dans une cellule adjacente, donc qui travaille exactement au site de la lésion osseuse.
Vis, plaques ou plâtre, il est possible que la fracture ne guérisse pas correctement ou rapidement, écrivent les auteurs dans leur communiqué. L’autre option de réparation, connue sous le nom de protéines morphogénétiques osseuses, ou BMP, est de moins en moins envisageable. Ces protéines conçues pour favoriser la réparation osseuse surperforment parfois, entraînant alors une croissance osseuse excessive ou anormale. Bref, il existe peu d’autres options. Enfin, on ignore pourquoi certains patients cicatrisent mieux que d’autres : « On ne sait pas exactement pourquoi certains os ne guérissent pas comme ils le devraient », souligne le Dr Hankenson, auteur principal de l’étude. Il évoque une composante génétique, ou les troubles métaboliques comme le diabète, qui vont réduire les chances de guérir après une fracture. De même, les personnes âgées ou les patients à antécédents de traumatismes graves, quel que soit leur âge ou leur état de santé seront plus sujets au risque de fracture. Il existe donc un besoin important de nouvelles options de traitement.
L'approche adoptée part d’une meilleure compréhension de la biologie de la cicatrisation : elle consiste à apporter plus de « Jagged-1 » -une protéine ostéo-inductrice puissante connue pour activer la voie de signalisation Notch qui régule la cicatrisation osseuse- au site-même de la fracture ou de la lésion osseuse. Les chercheurs travaillent ainsi depuis plusieurs années sur la capacité du ligand Jagged-1 à promouvoir les cellules formant des os. Ce ligand particulier se lie à une cellule de livraison pour activer la guérison osseuse dans une cellule adjacente. Ainsi, l'os se forme là où il est censé se former. Ici, les chercheurs parviennent à lier la protéine Jagged-1 à un biomatériau afin de pouvoir livrer la thérapie au site de la lésion osseuse.
Une preuve de concept est apportée sur des rongeurs, modèles de fractures et qui ont reçu Jagged-1, appliqué avec du collagène et qui présentent ensuite des améliorations significatives dans la réparation osseuse. En comparaison, les rongeurs traités avec des BMP ont également mieux cicatrisé mais ont développé une hypertrophie osseuse problématique …
Parce que le corps produit Jagged-1 « seule », pour développer cette nouvelle thérapie il faudra encore développer une version synthétique du ligand. Et si d’autres travaux de recherche restent nécessaires avant de pouvoir tester chez l’Homme, quelques points retiennent l’attention :
- Les patients victimes de fractures graves qui pourraient nécessiter une greffe osseuse autogène, pourraient également tirer le plus grand bénéfice d’injections de Jagged-1 ;
- Les patients ayant des os à cicatrisation lente ou qui ne guérissent pas, pourraient également tirer bénéfice de ces injections, après une fracture.
Source: NPJ Regenerative Medicine 15 December 2017 doi:10.1038/s41536-017-0037-9 Intraoperative delivery of the Notch ligand Jagged-1 regenerates appendicular and craniofacial bone defects
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