C’est un rappel brutal des risques et un appel à un meilleur suivi de ces patients : près d'un quart des patients atteints de maladie cardiovasculaire ischémique chronique sont décédés ou hospitalisés dans les six mois, rapporte cette étude de la Société européenne de cardiologie (ESC) publiée l’European Journal of Preventive Cardiology. Alors que la coronaropathie est la première cause de mortalité dans le monde, ces données suggèrent en effet une déficience de suivi et de traitement des patients plusieurs mois après leur première consultation, en ville ou à l’hôpital.
Certains patients semblent « s’égarer » dans le système de santé, après leur première visite à l’hôpital ou à la clinique, souligne le Dr Michel Komajda, de la Pitié-Salpêtrière (Paris), professeur de cardiologie à l'Université Pierre et Marie Curie. « Les patients ont plus de chance de recevoir le bon traitement à l’hôpital ou lors d’une première consultation, mais, 6 mois plus tard, ces mêmes médicaments qui pourraient réduire le risque de décès et d’hospitalisation sont moins fréquemment prescrits ». Ainsi, l’étude montre que le taux de prescription des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine, des bêta-bloquants, les deux médicaments les plus utilisés pour réduire la tension artérielle et de l'aspirine sont en effet plus faibles à 6 mois qu’au début de l'étude. « Il est probable que le transfert de ces patients à un cardiologue ou à un médecin généraliste soit insuffisant et que les ordonnances ne soient pas renouvelées ». Enfin, l’hypothèse d’une baisse d’observance des patients est également envisagée.
Les chercheurs ont analysé les données du registre pilote des maladies cardiovasculaires chroniques ischémiques (CICD), un registre permettant de suivre ce groupe de patients dans les 6 mois suivant leur consultation. L’analyse a porté sur les données de 2.203 patients ayant consulté dans 100 hôpitaux et cliniques externes de 10 pays européens. Les participants présentaient une maladie coronarienne stable ou une maladie artérielle périphérique. Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de risque et les traitements au début de l'étude et à 6 mois. L’analyse montre que :
- 24% des participants sont décédés ou réhospitalisés au cours des 6 mois de suivi ; la majorité des causes de décès et de réhospitalisation sont cardiovasculaires ;
- l'âge avancé est associé à un risque accru de 17% de décès ou de réhospitalisation,
- les antécédents de revascularisation périphérique, à un risque accru de 45%,
- l'insuffisance rénale chronique , à un risque accru de 31%,
- la bronchopneumopathie chronique obstructive, de 42%.
Une inégalité de risque en fonction des pays : enfin, les taux de décès et de réhospitalisation à 6 mois s’avèrent plus élevés dans les pays d'Europe de l'Est, de l'Ouest et du Nord que dans ceux du Sud. L’auteur émet l’hypothèse des effets bénéfiques du régime alimentaire et plus largement du mode de vie, dans les pays du Sud.
Ce groupe de patients est à l’évidence à risque élevé de décès ou de réhospitalisation à court terme et devrait être surveillé attentivement par des médecins, d’autant que les facteurs cliniques fortement associés à ce risque élevé sont donc identifiés et peuvent être évalués.
Donc un appel à un meilleur suivi et traitement de ces patients après leur sortie de l'hôpital ou de consultation.
Source : European Journal of Preventive Cardiology January 16, 2018 The chronic ischaemic cardiovascular disease ESC Pilot Registry: Results of the six-month follow-up
Laisser un commentaire