Ce consortium international, DRIVE-AB, rassemblant 23 partenaires de 11 pays dont des instituts de recherche et des laboratoires pharmaceutiques et des biotech, géré par une équipe de l'Université de Genève publie un rapport final sur ses suggestions pour le développement d'antibiotiques dans un esprit « antibioresponsable » et » antibioéquitable « .
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que la résistance aux antibiotiques fait partie des 3 principales menaces en Santé publique, car les bactéries deviennent de plus en plus résistantes et trop peu de traitements sont en cours de développement. Le programme de recherche DRIVE-AB souhaite dynamiser le pipeline en offrant une récompense d'entrée de 1 milliard de dollars par nouvel antibiotique développé, afin d’augmenter le nombre de nouveaux antibactériens sur le marché dans les 30 prochaines années.
DRIVE-AB (pour Driving Re-investment in research and development for antibiotics and advocating their responsible use) œuvre, on l’aura compris, pour la recherche et le développement d'antibiotiques mais aussi pour leur usage responsable. L’objectif de ce programme est de développer et de chiffrer de nouveaux modèles économiques permettant de promouvoir « l'innovation antibiotique » et leur utilisation durable.
Le principe d’une récompense à l’innovation antibiotique est tout à fait nouveau. L’idée est de rendre l’innovation plus rentable grâce à un marché plus attractif. La récompense d'entrée sur le marché est là pour aider aussi le laboratoire à obtenir l'approbation réglementaire pour un antibiotique qui répond à des critères prédéfinis permettant de répondre à un cahier des charges des besoins de santé publique, d’un mode d’utilisation durable, d’un accès et d’un approvisionnement équitables. Sur la base de ses recherches, DRIVE-AB estime que jusqu'à 2 antibiotiques innovants ciblant des pathogènes prioritaires identifiés par l'OMS pourraient recevoir une récompense d'entrée sur le marché au cours des 5 prochaines années. Au total, 16 à 20 nouveaux antibiotiques réellement innovants pourraient obtenir une AMM dans les 30 prochaines années.
Parmi les incitations :
- des subventions de recherche non remboursables,
- l’intervention de coordonnateurs de pipeline qui vont identifier les segments et combler les lacunes dans le pipeline antibiotique mondial,
- le financement de la continuité de l'approvisionnement à long terme pour assurer un approvisionnement durables d'antibiotiques génériques
Et le consortium souhaite mettre en œuvre ces mesures incitatives le plus rapidement possible, pour pouvoir donner accès à une dizaine de nouveaux antibiotiques d'ici 10 à 20 ans. 680 millions d'euros sont estimés comme nécessaires chaque année pour financer les subventions et les coordinateurs de pipelines, ce qui représente une augmentation d'environ 50% par rapport aux investissements publics actuels dans la recherche et le développement d'antibiotiques chaque année. Le consortium appelle donc le G20 à travailler avec les États membres et les pays partageant cette stratégie au financement de ces aides dont la fameuse récompense d'entrée sur le marché.
Une nouvelle vision d’écosystème antibiotique : Le cahier des charges comporte des dispositions obligatoires pour un accès équitable et une utilisation durable permettant de garantir que ces médicaments essentiels restent disponibles pour les patients qui en ont besoin dans le monde entier et restent efficaces au fil du temps. En substance, les développements doivent être complémentaires, ne sont pas envisagés isolément et sont conçus pour former un écosystème qui maximise un accès universel et une utilisation durable.
Des modèles de propagation des résistances : DRIVE-AB a également publié de nouveaux modèles pour décrire la propagation des organismes résistants et des recommandations de consensus pour une utilisation responsable des antibiotiques.
Laisser un commentaire