Les capacités cognitives et tout autant la santé physique permettent de prédire la démence plus tard dans la vie, conclut cette recherche menée à la Rand Corporation (Santa Monica) qui engage donc simplement à une détection précoce des troubles cognitifs notamment, afin de mieux préparer les personnes plus âgées à une perte future d'indépendance financière et d’autonomie physique. Si ces conclusions n’apparaissent pas très surprenantes du point de vue cognitif, elles soulignent cependant le poids des limitations fonctionnelles et de la santé physique et son caractère prédictif, et jusqu'à 20 ans avant le début de la démence.
Le deuxième message de cette organisation de recherche en santé est d’apprendre, en regard de l’augmentation rapide du vieillissement des populations, à mieux se préparer ou à préparer nos proches à cette future perte d'indépendance et d’autonomie. Et si le lien entre les capacités cognitives à l’âge adulte et le risque de démences dont de maladie d’Alzheimer plus tard dans la vie peut sembler logique, le recours aux tests cognitifs à l’âge adulte mûr reste extrêmement faible. Les auteurs soulignent que d’autres recherches ont suggéré que s’ils étaient gratuits et facilement accessibles, ces tests cognitifs seraient plus largement utilisés et pourraient donc jouer leur rôle d’alerte et de prévention. Aujourd’hui, seulement 16 % des personnes de 65 ans ou plus bénéficient d’une telle évaluation lors d’une consultation de soins primaires.
Des tests pourtant indispensables, d’autant qu’on sait bien aujourd’hui qu’en ce qui concerne la maladie d'Alzheimer et des démences apparentées la détection précoce est essentielle, en partie parce que les traitements disponibles ne fonctionnent qu’à ce stade précoce.
L’équipe du Rand a mené ainsi 3 études pour mieux cerner les facteurs de risque de développer une déficience cognitive, mieux détecter ces facteurs de risque -ici en augmentant notamment le recours aux tests cognitifs – et rendre les soins de santé cérébrale et cognitive plus accessibles.
La première étude analyse les données de cognition et d’incidence de la démence de 20.000 participants à la Health and Retirement Study. Parmi les 181 facteurs prédictifs possibles, l’analyse retient :
- les facteurs liés au mode de vie tels que le manque d'exercice, l'obésité et le manque de loisirs à 60 ans ;
- un statut socioprofessionnel inférieur ;
- les capacité cognitives à l’âge adulte mûr ;
- l’origine ethnique n’est pas identifié comme un facteur de risque après prise en compte de l’éducation et du revenu.
L’auteur principal, Peter Hudomiet, économiste à la RAND ajoute : « nous apportons des indices supplémentaires sur les mesures à prendre pour protéger sa santé cérébrale tout au long de la vie. Cette connaissance des facteurs de risque devrait permettre aux professionnels de santé d’identifier leurs patients les plus à risque afin de les orienter si nécessaire vers les ressources et les mesures permettant de retarder ce déclin cognitif ».
Une deuxième étude examine la relation entre l’état cognitif, les mesures de prévention et d’atténuation du déclin cognitif et les résultats de santé encore plus tard dans la vie. L’analyse conclut que :
- les personnes qui reçoivent un nouveau diagnostic de démence sont sensibilisées et plus susceptibles d’agir, 25 % d’entre elles demandant de l’aide financière à leurs enfants, vs seulement 2 % des personnes souffrant de déclin cognitif mais n’ayant pas reçu ce diagnostic ;
- cependant, de nombreuses personnes se rendent compte qu’elles ont un trouble cognitif et prennent des mesures avant d’être diagnostiquées cliniquement.
Une troisième étude révèle que les frais à charge des patients restent le principal obstacle à la recherche d’évaluations cognitives, de rendez-vous de suivi et de traitements contre la démence.
- Le manque de preuves d’efficacité des traitements existants décourage également un grand nombre de patients à aller chercher l’aide d’un professionnel de santé.
- pourtant, 60 % des participants opteraient pour une thérapie si cela les aidait à conserver leur indépendance et leur autonomie.
Elargir l’accès à ces tests d’évaluation constitue donc une urgence.
Cette intervention est importante pour identifier les patients susceptibles de bénéficier des traitements actuels et futurs contre la maladie d’Alzheimer et les démences apparentées.
Un axe de progrès encore peu documenté et a fortiori encore rarement mis en œuvre.
Source: RAND Report 3 Dec, 2024 DOI :10.7249/RRA3207-1 Identifying Early Predictors of Cognitive Impairment and Dementia in a Large Nationally Representative U.S. Sample
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