Indiqué au départ dans le traitement du diabète de type 2, comme d’autres agonistes du GLP-1 a vu son spectre d’indications s’élargir considérablement, notamment dans les indications de perte de poids et de prévention des maladies cardiovasculaires. Cette analyse détaillée de l’efficience du médicament, publiée dans le Canadian Journal of Cardiology, montre que sous condition de réduction du prix, le sémaglutide pourrait avoir des avantages en termes thérapeutiques mais aussi de coût de santé à vie pour les personnes non diabétiques en surpoids ou obèses, atteintes d'une maladie cardiaque.
La demande de sémaglutide, un agoniste du peptide de type glucagon 1 (GLP-1) connu sous les marques Ozempic et Wegovy, a considérablement augmenté ces dernières années, en particulier pour la perte de poids. Non seulement il régule la glycémie, mais il réduit également l'appétit et ralentit la digestion. Au Canada, lieu de l’étude, il n'est actuellement financé que pour l’indication diabète. Cependant, il est intéressant d’évaluer son efficience dans les autres indications et chez des personnes non diabétiques.
Cette analyse de rentabilité de l'utilisation du sémaglutide chez les personnes en surpoids ou obèses sans diabète, mais atteintes d'une maladie cardiovasculaire préexistante, montre en effet et en pratique que si le sémaglutide (Ozempic, Wegovy) apporte des bénéfices à ce groupe de patients, en matière de santé publique et « d’efficience », le traitement n'est pas rentable au prix actuel.
Il pourrait l'être à long terme avec des réductions de prix
L’analyse estime qu’il faudrait une réduction de prix d’environ 50 %, pour que le sémaglutide (Ozempic, Wegovy) soit rentable à long terme pour ces patients en surpoids ou obèses sans diabète, mais atteints d'une maladie cardiovasculaire préexistante. Sous condition d’une telle réduction,
il pourrait atteindre la référence en matière de valeur dans les soins de santé.
L’étude est basée sur un modèle statistique permettant d’analyser la rentabilité du sémaglutide. L’auteur principal, le Dr Derek Chew, de l’University of Calgary, explique : « Notre modèle économique a comparé la différence de coûts à vie (y compris les coûts des médicaments, les hospitalisations et d'autres événements de santé importants) et la différence d'espérance de vie ajustée en fonction de la qualité de vie des patients entre ceux traités par sémaglutide et ceux qui n'en ont pas reçu ». Ses résultats sont primordiaux, compte-tenu et des preuves d’efficacité du sémaglutide sur la perte de poids, et de la prévalence croissante de l’épidémie mondiale d’obésité : en effet, on estime que d'ici 2035, plus de la moitié de la population mondiale devrait être en surpoids ou obèse.
Par ailleurs, le surpoids et l'obésité sont associés à un risque accru d'événements cardiovasculaires indésirables, même après prise en compte des facteurs de risque métaboliques, et plus des 2 tiers des décès liés à un indice de masse corporelle (IMC) élevé sont causés par des maladies cardiovasculaires. L’analyse révèle que :
- au prix actuel, le sémaglutide n'est pas rentable chez ce groupe de patients ;
- cependant, avec un rabais de 50 %, le sémaglutide pourrait atteindre la référence en matière de valeur dans les soins de santé.
Les cardiologues ainsi que la plupart des médecins de soins primaires ont une connaissance limitée de l’économie de la santé et ne prennent que rarement en compte, dans leurs prescriptions, le rapport coût-efficacité, le rapport coût-utilité, les années de vie de qualité, l’analyse coût-bénéfice, la productivité, l’efficience… Pourtant, tous ces concepts devraient être pris en compte en santé publique.
« Dépenser de l’argent pour la prévention des maladies est un investissement dans la valeur à long terme de la santé d’une population, contrairement à la valeur à court terme des soins de santé d’un individu. »
Maintenant que des preuves de grande qualité sur le sémaglutide et son impact positif sur la perte de poids et ses bénéfices cardiovasculaires chez les patients non diabétiques sont disponibles, il s’agit de réévaluer sa rentabilité et son financement potentiel par l'assurance maladie…
Source: Canadian Journal of Cardiology 7 Jan, 2024 DOI: 10.1016/j.cjca.2024.09.025 Cost-Effectiveness of Semaglutide in Patients With Obesity and Cardiovascular Disease
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