Les naissances prématurées sont en hausse, avec des disparités raciales et économiques qui se creusent, souligne cette étude menée par des épidémiologistes et des pédiatres de l’Université de New York. Ces chercheurs tentent d’identifier, dans le JAMA Network Open, les changements dans les facteurs de risque qui contribuent à cette incidence croissante de la prématurité.
Les naissances prématurées ont en effet augmenté de plus de 10 % au cours de la dernière décennie, avec des disparités persistantes et croissantes au fil du temps, conclut cette analyse menée sur plus de 5 millions de naissances. Certains facteurs apparaissent clairement en cause dans cette augmentation de la prématurité, dont le diabète, les infections sexuellement transmissibles (IST) et les troubles de la santé mentale, dont les prévalences sont devenues beaucoup plus élevées aussi au cours de ces 10 dernières années, d'autres facteurs protecteurs contre la prématurité ayant simultanément diminué.
L’auteur principal, Laura Jelliffe-Pawlowski, épidémiologiste, professeur au Rory Meyers College of Nursing de l’Université de New York et professeur d’épidémiologie, de biostatistique et de sciences de la santé mondiale à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), précise : « notre analyse montre non seulement que les naissances prématurées sont à la hausse, mais apporte également des indices sur les raisons de cette augmentation. Mieux comprendre ces facteurs va permettre d’éclairer les soins cliniques et le développement d’intervention de santé publique visant à lutter contre la prématurité ».
Les bébés nés prématurément ou avant terme – avant la 37e semaine de grossesse – sont en effet beaucoup plus susceptibles de connaître une série de problèmes à court et à long terme, notamment un risque plus élevé de maladie, de difficultés intellectuelles et émotionnelles et de décès.
Certains facteurs sont déjà connus pour augmenter le risque de naissance prématurée, notamment l’hypertension artérielle, le diabète, une infection ou le tabagisme chez la mère. De plus, certaines communautés ethniques présentent un risque plus élevé d’accouchement prématuré.
Comprendre les tendances récentes de la prématurité
L’étude analyse les données de plus de 5,4 millions de naissances uniques intervenues de 2011 à 2022 dans l’État de Californie et examine l’évolution des taux de naissances prématurées, les tendances en matière de facteurs de risque, en fonction des origines ethniques et des classes socioéconomiques. Parmi ses conclusions :
- les naissances prématurées ont augmenté de 10,6 % au cours de ces 10 dernières années, passant de 6,8 % en 2011 à 7,5 % en 2022 ;
- ce taux de prématurité a augmenté dans presque tous les groupes d’âge, mais varie selon le groupe ethnique et socioéconomique ;
- plusieurs facteurs se révèlent liés à un risque accru de naissance prématurée, notamment le diabète, l’hypertension artérielle, le fait d’avoir déjà connu une naissance prématurée, le fait d’avoir eu moins de 3 consultations de soins prénatals et l’insécurité du logement ;
- les taux de diabète préexistant, d’infections sexuellement transmissibles et de problèmes de santé mentale qui apparaissent impliqués dans le risque de prématurité, ont plus que doublé au cours de la période étudiée.
« Des données qui devraient déclencher la sonnette d’alarme »,
écrivent les auteurs.
- D’autant que, dans le même temps, des facteurs réputés protecteurs contre la prématurité, ont quant à eux diminué : les soins prénatals, les programmes de nutrition complémentaire qui soutiennent les femmes et les enfants plus démunis sont moins accessibles et bénéficient d’une moindre participation.
Ces données rappellent donc la nécessité et l’urgence d’améliorer les soins de grossesse pour tous et de promouvoir des traitements et des interventions qui s’attaquent aux facteurs de risque associés à l’accouchement prématuré.
L’information des femmes enceintes sur les facteurs de risque d’accouchement prématuré et les interventions qui peuvent les aider à gérer ce risque fait partie de ces interventions.
« Pour les femmes qui présentent un risque accru en raison de facteurs tels que l’hypertension ou un accouchement prématuré antérieur, par exemple, les professionnels de santé devraient avoir des conversations sur l’utilité d’une prise d’aspirine à faible dose, sur l’intérêt d’un dépistage des infections sexuellement transmissibles ou encore sur l’offre de soins en santé mentale ».
Les auteurs travaillent également au développement d’une plateforme numérique appelée Hello Egg pour aider les futures mères à mieux comprendre et prévenir ce risque d’accouchement prématuré.
Source: JAMA Network Open 27 Sept, 2024 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2024.35887 Risk and Protective Factors for Preterm Birth Among Racial, Ethnic, and Socioeconomic Groups in California
- Plus sur la Prématurité
- Lire aussi : PRÉMATURITÉ : Ces bactéries qui pourraient l’expliquer
Laisser un commentaire