On sait aujourd’hui que le microbiote intestinal produit différents composés bioactifs qui peuvent affecter la physiologie de l'hôte et au fil des études, se dessine de plus en plus largement le rôle clé que peut jouer le microbiote intestinal dans la santé en général. Cette équipe de la Washington University School of Medicine met aujourd’hui en lumière, une bactérie particulière, bénéfique en raison de surprenantes capacités métaboliques. Ces travaux, publiés dans la revue Science, vont pouvoir peut-être aider à terme les enfants souffrant de malnutrition.
Avant cette étude, seule la version humaine de l'enzyme était connue, et non la bactérie qui fabrique l‘enzyme. Ces travaux révèlent que le microbe qui fabrique la version bactérienne est associé à des avantages de croissance et pourrait être une base de développement d’aliment thérapeutique pour traiter la malnutrition chez les enfants.
Lors des épisodes de malnutrition, le microbiote s'épuise, ce qui peut aggraver les dommages causés à l'hôte, en particulier pendant l'enfance. Cet organisme, Faecalibacterium prausnitzii, produit toute une série de métabolites favorables à la croissance et à la prise de poids.
Les auteurs rappellent que
la malnutrition infantile touche 200 millions d’enfants dans le monde
et qu’il existe toujours d’immenses besoins d’aliments thérapeutiques et de probiotiques qui favorisent les communautés de bactéries bénéfiques dans le microbiote intestinal, afin d’améliorer la croissance des enfants ainsi que d’autres résultats de santé.
L’étude, dirigée par le Dr Jeffrey I. Gordon s’est concentrée sur la façon dont les microbiotes intestinaux des enfants réagissent à une thérapie basée sur la bactérie. L’étude démontre :
- les effets considérables de la bactérie intestinale sur la croissance chez les enfants bangladais recevant un aliment thérapeutique conçu pour favoriser la croissance de ces microbes intestinaux sains ;
- l’analyse d’échantillons de selles d’enfants malnutris recueillis dans le cadre d’un essai clinique sur l’aliment thérapeutique révèle que le traitement alimentaire permet d’augmenter l’abondance de F. prausnitzii et l’expression de son enzyme ;
- en plus de synthétiser d’importants régulateurs de la fonction cellulaire, l’enzyme bactérienne peut contrôler les niveaux d’autres molécules de signalisation contenant des lipides, notamment les neurotransmetteurs impliqués dans les communications entre les neurones et les molécules dites de détection de quorum qui sont utilisées par les bactéries pathogènes pour coordonner l’infection et perturber les réponses immunitaires de l’hôte ; donc réduire les risques associés aux bactéries pathogènes ;
- une souche de la bactérie hébergée dans les communautés microbiennes intestinales des enfants possède en effet un gène jusque-là inconnu capable de produire et de métaboliser des molécules clés impliquées dans la régulation de nombreuses fonctions importantes allant de l’appétit, des réponses immunitaires, de la fonction neuronale et de la protection contre les bactéries pathogènes.
L’aliment thérapeutique ciblant ainsi le microbiote s’appelle MDCF-2.
C’est une nouvelle recherche à démontrer que
« les microbes intestinaux sont des maîtres biochimistes qui possèdent des capacités métaboliques incomparables »,
écrivent les chercheurs qui soutiennent que les recherches doivent se poursuivre et qu’une meilleure compréhension des effets de nos microbes intestinaux sur notre corps pourrait conduire à de nouvelles stratégies pour maintenir la santé humaine et lutter contre la malnutrition.
Source: Science 24 Oct, 2024 DOI: 10.1126/science.ado6828 A human gut Faecalibacterium prausnitzii fatty acid amide hydrolase
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