Chez les survivants d'un AVC, les médicaments agonistes du GLP-1 et inhibiteurs du SGLT2 (gliflozines) indiqués notamment dans le diabète de type 2, mais « plus » seulement, permettent aussi réduire le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral (AVC). De nouveaux bénéfices mis en lumière chez ce groupe de patients particulièrement à risque d’événement cardiovasculaire, documentés par une équipe de la Mayo Clinic, lors des American Heart Association (AHA) Scientific Sessions 2024.
Le premier agoniste du GLP-1 a été prescrit à partir de 2006, et les auteurs ont inclus des cas à partir de 2000 pour optimiser la puissance de l'étude. Les agonistes du GLP-1 et les inhibiteurs du SGLT2 sont 2 classes de médicaments couramment prescrites pour traiter le diabète de type 2 ou la perte de poids.
- Les agonistes du GLP-1 (liraglutide, sémaglutide, tirzépatide) traitent le diabète de type 2 en stimulant la libération d’insuline par le pancréas, en retardant la vidange gastrique et en diminuant la libération de glucagon, une hormone dans l’organisme qui augmente la glycémie.
- L’autre classe de médicaments, les inhibiteurs du SGLT2 (canagliflozine, dapagliflozine, empagliflozine et ertugliflozine), abaissent le taux de sucre dans le sang en incitant les reins à éliminer l’excès de glucose de l’organisme par l’urine.
Ces 2 classes semblent pouvoir peuvent réduire le risque de crise cardiaque, de deuxième accident vasculaire cérébral et de décès chez les adultes ayant subi un premier accident vasculaire cérébral.
L’auteur principal, le Dr M. Ali Sheffeh, médecin en médecine interne et chercheur à la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota) note que « malheureusement, un quart des personnes qui survivent à un AVC en subissent un autre et sont également à risque plus élevé d’autres événements cardiovasculaires, comme une crise cardiaque. En effet, de nombreux facteurs de risque d’AVC sont également associés à d’autres formes de maladies cardiaques. Il manque de nouvelles approches pour réduire ces risques pour ce groupe de patients ».
L’étude menée auprès de plus de 7.000 survivants d'un AVC, participant au Rochester Epidemiology Project (2000 à 2022) révèle que les participants qui prennent soit un agoniste du récepteur GLP1, soit un médicament inhibiteur du SGLT2 présentent un risque réduit d'accident vasculaire cérébral (AVC), de crise cardiaque ou de décès. Précisément, l’examen des dossiers médicaux a évalué les résultats des patients à qui on avait prescrit un médicament GLP-1 ou SGLT2 après leur premier AVC. Après un suivi moyen de trois ans, l'analyse révèle que :
les patients qui prennent soit un GLP-1 soit un SGLT2 ont un risque de décès inférieur de 74 % et un risque de crise cardiaque inférieur de 84 % ;
- les participants qui prenaient un SGLT2 présentent également un risque inférieur de 67 % de subir un autre AVC ;
- ces réductions de risques valent même après prise en compte des facteurs de confusion possibles dont l'âge, le sexe, le tabagisme, l'hypertension, le diabète de type 2, une artériopathie périphérique, l’hyperlipidémie, la maladie rénale chronique et des antécédents de crise cardiaque ou d'insuffisance cardiaque.
- au cours du suivi, le taux de mortalité parmi les survivants d'un AVC qui prenaient soit un GLP-1 soit un SGLT2 est de 11,8 %, vs 54 % chez les autres patients ;
- l’incidence des crises cardiaques chez les patients recevant l’un ou l’autre des médicaments était également de 1,5 %, vs 6,1 %.
« En comparant plusieurs variables, nous pouvons toujours conclure que le traitement par l’un ou l’autre des médicaments est associé à un risque plus faible d’AVC récurrent ».
« Les effets protecteurs potentiels des médicaments sont « cachés » car les personnes du groupe de traitement peuvent présenter des caractéristiques à risque plus élevé que les patients qui ne prennent aucun des deux médicaments, masquant ainsi tout effet protecteur. L’ajustement avec les facteurs de confusion permet de tenir compte de ces différences et de faire ressortir cet effet indépendant ».
Enfin, une sous-analyse des patients ayant pris ces médicaments pendant au moins 6 mois confirme l’association des médicaments avec un risque plus faible de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral récurrent et de décès et confirme que cette réduction peut être attribuée aux médicaments.
Les chercheurs notent enfin la capacité des agonistes du GLP-1 à réduire la pression artérielle et à diminuer la formation de plaque associée à l’athérosclérose, un facteur de risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral. « Un autre mécanisme qui pourrait être très important pour cette étude actuelle est que ces agonistes du GLP-1 peuvent en fait diminuer l’agglutination des plaquettes sanguines, ce qui, en soi, peut diminuer le risque de coagulation et expliquer un risque plus faible d’AVC ».
Les auteurs appellent à mener un essai clinique pour savoir si ces médicaments, agonistes du GLP-1 et inhibiteurs du SGLT2 pourraient réellement changer la donne dans la pratique clinique pour prévenir le deuxième accident vasculaire cérébral ou un autre événement cardiovasculaire chez ces survivants de premier AVC.
Source: American Heart Association (AHA) Scientific Sessions 2024, Abstract 4148007 GLP-1, SGLT2 medications may lower stroke survivor’s risk of future heart attack, stroke
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