Ce sont 25 années de recherche sur toute une cohorte de naissance (1936) qui nous apportent quelques « indices » pour un vieillissement sain, notamment du cerveau. L’étude de l’évolution des performances et des changements cognitifs de 11 à 82 ans livre ainsi, dans la revue Genomic Psychiatry, des informations sans précédent sur la santé cérébrale à vie et modifie totalement notre façon de penser les interventions sur la santé cérébrale et cognitive. Ainsi, c'est plus globalement un mode de vie sain -bénéfique à la santé en général- qui semble favoriser un vieillissement cérébral en bonne santé, chacun des facteurs de mode de vie n'ayant qu'un impact modeste -ou nul pour certains individus- sur cet objectif. Sans être décourageantes ces conclusions relancent le débat entre nature et nurture et appellent à embrasser le mode de vie le plus sain et le plus tôt possible pour faire la différence, cognitive, au grand âge.
La recherche remet en effet en question plusieurs idées reçues sur le vieillissement cognitif. Comme l’explique l’auteur principal, le Dr Simon R. Cox : « nous réalisons ici que ce que nous considérons souvent comme les « causes » du déclin cognitif chez les personnes âgées sont souvent, en réalité, les « résultats » de différences cognitives antérieures ».
Tout n'est pas joué, seulement « la moitié »
L'étude analyse des données de la Lothian Birth Cohorts, des données d’imagerie (IRM) des participants à l’enfance -soit presque tous les enfants nés en 1921 et 1936 en Écosse-, l’âge adulte moyen, puis à l’âge avancé en moyenne de 73 ans, dont le volume global du cerveau et son atrophie et l’intensité de la substance blanche et des données cognitives, depuis l'enfance et jusqu'à la huitième décennie de vie. Ces analyses apportent, notamment en raison du caractère longitudinal de l’étude, des informations clés sur la façon dont notre cerveau vieillit et sur les facteurs qui influencent les performances cognitives tout au long de la vie. Ainsi :
environ la moitié de la variance des résultats aux tests d'intelligence
chez les personnes âgées peut être attribuée aux capacités cognitives déjà présentes à l'enfance,
- ainsi, même après 70 ans, sont retrouvées des corrélations d'environ 0,7 entre les résultats cognitifs de l'enfance et ceux de l’âge avancé ;
- en « pratique », un peu moins de la moitié de la variance de l'intelligence chez les personnes âgées est déjà présente à l'âge de 11 ans ;
- cependant, le vieillissement cérébral varie considérablement entre des individus du même âge ; ainsi, les chercheurs identifient aussi des variations substantielles de la structure et donc de la santé cérébrales chez des personnes du même âge.
Cela soulève à nouveau d'importantes questions sur les facteurs qui contribuent à ces différences et sur la possibilité de les modifier par des interventions sur le mode de vie.
- Les modèles de méthylation de l'ADN constituent une signature permettant de prédire le risque de mortalité-ou l’âge biologique.
- Une intelligence plus élevée pendant l'enfance est corrélée à un meilleur taux de survie ;
- la génétique influence différemment l'intelligence à l'enfance et à l’âge avancé.
Plus largement, l’étude relance le débat entre nature et nurture dans le développement cognitif.
La recherche engage à mener d’autres études sur la manière dont les capacités cognitives du début de la vie influencent les choix de vie qui affectent ensuite la santé du cerveau, sur l’impact des facteurs environnementaux sur le maintien des capacités cognitives et sur l’efficacité d’interventions à la cinquantaine pour préserver la fonction cognitive plus tard dans la vie.
Source: Genomic Psychiatry 7 Nov, 2024 DOI : 10.61373/gp024i.0076 Lessons we learned from the Lothian Birth Cohorts of 1921 and 1936
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