Les femmes atteintes d'insuffisance ovarienne prématurée (IOP) présentent un risque plus élevé de maladies auto-immunes graves, conclut cette équipe de gynécologues de l’Hôpital universitaire d’Oulu (Finlande). Des conclusions étayées dans la revue Human Reproduction, qui incitent à utiliser les marqueurs de l’IOP pour la détection de comorbidités et de poursuivre les recherches sur les mécanismes pouvant aussi expliquer le développement de l’IOP dans différentes maladies auto-immunes.
L’IOP survient lorsque les ovaires ne fonctionnent plus correctement et ont cessé de produire des ovules chez les femmes de moins de 40 ans. Les règles deviennent irrégulières puis s’arrêtent, et certaines femmes ressentent des symptômes de ménopause. Caractérisée sur un plan clinique par une aménorrhée de plus de 4 mois avant l'âge de 40 ans avec un taux élevé de FSH supérieure à 40 UI/l, l’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) apparaît, avec cette étude, associée à un risque plus élevé de maladies auto-immunes graves, dont le diabète de type I, la maladie d'Addison, le lupus et les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI).
L’auteur principal, le Dr Susanna Savukoski, gynécologue et obstétricienne à l’hôpital universitaire d’Oulu, déclare : « Les estimations de prévalence de l’IOP d’origine auto-immune varient de 4 % à 50 %. Notre étude estime que les maladies auto-immunes sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez les femmes diagnostiquées avec une IOP au moment du diagnostic, et que l’incidence de ces maladies est également 2 à 3 fois plus élevée au cours des années qui suivent le diagnostic de l’IOP ».
Les processus auto-immuns fortement impliqués dans l’apparition de l’IOP
L’étude a suivi près de 20.000 participantes dont des femmes atteintes d’IOP, appariées à d’autres femmes du même âge exemptes d’IOP. À partir du registre de remboursement des médicaments, l’équipe avait pu identifier 3.972 femmes traitées en raison d’un diagnostic d’IOP avant l’âge de 40 ans. Chaque femme atteinte d’IOP a été associée à 4 femmes du même âge, formant ainsi un groupe témoin de 15.708 femmes. L’analyse constate que :
- 223 soit 6 % des femmes avec IOP ont reçu un diagnostic d’au moins une maladie auto-immune ;
- 13 % des femmes avec IOP, après la mise en œuvre de leur traitement par THS pour l’IOP, ont reçu ce même diagnostic d’au moins une maladie auto-immune ;
les femmes s’avèrent 2,6 fois plus susceptibles d’avoir une maladie auto-immune avant un diagnostic d’IOP vs groupe témoin ;
- chez les participantes avec IOP, le risque de maladies auto-immunes varie de près du double du risque moyen pour l’hyperactivité des glandes thyroïdiennes à 26 fois, pour les maladies auto-immunes polyglandulaires, des maladies rares du système endocrinien ;
- les femmes exemptes de maladies auto-immunes au moment du diagnostic d’IOP ont un risque jusqu’à multiplié par 3 de diagnostic de maladie auto-immune au cours des 3 années à venir.
Pris ensemble, ces résultats reflètent le fait que l’association entre l’IOP et les maladies auto-immunes graves est forte et que les femmes atteintes d’IOP présentent un risque à long terme de maladies auto-immunes. Cependant,
«il reste important de rappeler cependant que la plupart des femmes atteintes d’IOP ne développent pas de maladies auto-immunes graves et que ce risque n’est pas similaire pour toutes les maladies auto-immunes ».
Si les mécanismes biologiques sous-jacents à l’association entre l’IOP et les maladies auto-immunes ne sont pas entièrement compris et méritent de plus amples recherches, tout comme les effets de l’utilisation à long terme du THS sur le risque de maladies auto-immunes, cette corrélation entre IOP et maladies auto-immunes inspire une surveillance croisée de leur risque respectif.
Source: Human Reproduction 26 Sept, 2024 DOI: 10.1093/humrep/deae213 Excess of severe autoimmune diseases in women with premature ovarian insufficiency: a population-based study
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