Le COVID augmente considérablement le risque de troubles des lipides sanguins, conclut cette étude menée par une équipe de l’Albert Einstein College of Medicine, publiée dans le Journal of Clinical Investigation. Étant donné l’ampleur de la pandémie, les chercheurs notent que cette augmentation du risque de dyslipidémie devrait être une préoccupation en santé publique, dans le monde entier.
On estime en effet que 53 % des adultes des pays riches souffraient déjà de dyslipidémie avant la pandémie ; une augmentation de 29 % de l’incidence de la dyslipidémie avec le COVID signifierait que la prévalence de ces troubles des lipides sanguins pourrait approcher les 70 %.
L’un des auteurs principaux, le Dr Gaetano Santulli, professeur de médecine et de pharmacologie moléculaire à l’Einstein College, rappelle que la dyslipidémie est un facteur de risque majeur de maladies ou d’événements cardiovasculaires telles que la crise cardiaque – ou infarctus du myocarde-et l'accident vasculaire cérébral (AVC).
La même équipe a déjà mené 2 recherches qui avaient déjà constaté que le COVID augmente l’incidence de nouveaux cas d’hypertension artérielle (HTA) et de diabète de type 2. Ce risque perdure jusqu’à 3 ans après le diagnostic de COVID. Ces recherches avaient également observé une augmentation suspecte du taux de cholestérol total, qui justifiait un examen plus approfondi.
L’étude menée auprès de plus de 200.000 participants a évalué l’incidence de la dyslipidémie au cours des 3 années précédant le début de la pandémie puis durant les 3 années de COVID (2020-2022), en excluant de l’analyse les personnes chez qui on avait diagnostiqué une dyslipidémie plus tôt ou qui avaient déjà reçu des hypolipémiants. L’analyse constate que :
- la pandémie de COVID-19 a entraîné une augmentation de 29 % du risque de dyslipidémie ;
- l’augmentation est plus élevée chez les personnes âgées de 65 ans et plus et celles souffrant de maladies chroniques, notamment le diabète et l’obésité, les maladies cardiovasculaires, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et l’hypertension (HTA) ;
Ces résultats d’association peuvent être considérés comme parmi les plus définitifs à ce jour, car l’étude est l’une des seules, en ayant suivi ses participants bien avant la pandémie, à avoir analysé des données avant et après le COVID et non des données de diagnostic, moins fiables.
Comment le COVID peut-il augmenter l’incidence de la dyslipidémie ? Une explication possible est l’effet du virus SARS-CoV-2 sur la fonction des cellules endothéliales, qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins et jouent aussi un rôle clé de régulation des lipides sanguins.
Une deuxième étude révèle que le COVID est un puissant facteur de risque de crise cardiaque et d’AVC, jusqu’à près de 3 ans après une infection. Cette même étude suggère également que traiter la dyslipidémie permet de réduire le risque de maladie cardiovasculaire chez les personnes ayant eu un COVID.
Les recherches se poursuivent sur les complications du COVID en termes de comorbidités fréquemment connectées, qui toutes impliquent un dysfonctionnement endothélial, soit les troubles cardiovasculaires et métabolique, la maladie rénale et l’obésité.
Ces résultats appellent à une surveillance des taux de lipides chez les personnes plus vulnérables, ayant eu un COVID. « Et peut-être plus largement alors que de nombreuses personnes ont été infectées sans le savoir ».
Source: Journal of Clinical Investigation 1 Nov, 2024 DOI: 10.1172/JCI183777 A six-year study in a real-world population reveals an increased incidence of dyslipidemia during COVID-19
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