Une attente de plus de 4 heures aux Urgences est liée à des risques notablement accrus de décès et à une durée d’hospitalisation plus élevée, pour les patients souffrant d'une fracture de la hanche, souligne cette équipe de médecins de l’Université d’Édinbourg, qui alerte plus largement, dans l’Emergency Medicine Journal avec de nouvelles données, sur les délais toujours plus longs que la norme requise.
Plus d'1 patient sur 3 attend plus longtemps que la norme révèle l’étude monocentrique, menée en Écosse, mais dont les conclusions s’appliquent à l’ensemble des pays riches. Le message aux décideurs, est simple : une attente de plus de 4 heures aux urgences pour un traitement est liée à de moins bons résultats pour les patients et peut même entraîner le décès.
L’étude évalue l’impact de ces délais d’attente ici pour 3266 patients souffrant d’une fracture de la hanche, âgés d’au moins 50 ans et en moyenne de 81 ans, à 70 % des femmes, admis en centre de traumatologie puis suivis pendant au moins 8 mois. Le choix du motif de visite aux Urgences, soit la fracture de la hanche n’est pas anodin : on estime qu’à l'âge de 80 ans, un tiers des femmes et près de 20 % % des hommes subiront une fracture de la hanche et que cette incidence pourrait doubler d'ici 2033. L’analyse des données révèle que :
les participants ont passé en moyenne 3,9 heures aux urgences ;
- le temps d'attente pour plus d'1 patient sur 3 (39 %) dépasse les 4 heures (ce qui est la norme pour le maximum en Écosse qui exige que 76 % des patients des services des Urgences soient libérés ou admis à l'hôpital dans ce délai) ;
- ce délai d’attente élimine l’avantage apporté par une intervention chirurgicale précoce qui permet des taux de complications péri-opératoires plus faibles, en d’autres termes, cette attente finit par retarder la chirurgie ;
- ainsi, la durée moyenne avant l'intervention s’élève à 27 heures, avec un délai moyen entre l'admission et l'intervention de 22,5 heures ;
- la durée moyenne du séjour à l'hôpital est de 9 jours, le suivi ultérieur de 529 jours ;
- au cours de ce suivi, un peu plus de 40 % des participants sont décédés.
- les participants décédés sont significativement plus susceptibles d'être admis pendant l'hiver, de présenter un « risque chirurgical » élevé, d'avoir subi une fracture plus complexe et d'avoir attendu plus longtemps pour leur intervention aux urgences ;
- près de 96 % des patients ayant attendu moins de 4 heures sont encore en vie à 90 jours vs 93 % de ceux ayant attendu plus longtemps, ce qui équivaut à
- 1 décès supplémentaire à 90 jours pour 36 patients ayant attendu plus de 4 heures ;
- l’augmentation du risque de décès est dose-dépendante de l’attente aux Urgences et du délai avant l'intervention : le taux de mortalité atteint environ 14 % après 24 heures.
- enfin, après prise en compte des facteurs de confusion possible -dont l’âge du patient- une attente de plus de 4 heures s’avère associée à des risques accrus de décès de 29 %, 36 % et 15 % à 60 jours, 90 jours et lors du dernier contrôle, respectivement ;
- les patients ayant attendu plus de 4 heures aux Urgences sont également beaucoup plus susceptibles d’être hospitalisés plus longtemps.
S’il s’agit d’une étude d’observation qui ne démontre pas la relation de cause à effet entre l’attente des soins et les résultats de ces patients, il est tout de même fort probable que l’état de santé général des patients dépend fondamentalement du delà d’admission et d’intervention. Cette recherche apporte ainsi de nouvelles métriques qui précisent les conséquences, parfois dramatiques, de ces délais d’attente aux Urgences.
Source: Emergency Medicine Journal 8 Oct, 2024 DOI:10.1136/emermed-2023-213085 Delayed admission of patients with hip fracture from the emergency department is associated with an increased mortality risk and increased length of hospital stay
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