Les ulcères du pied diabétique sont chroniques, difficiles à cicatriser et potentiellement mortels. Il existe très peu d’options pour les ulcères diabétiques pénétrant dans l'os ou le tendon. Ce nouvel essai mené dans différents hôpitaux et instituts de recherche français, confirme la supériorité du traitement par greffe de peau de poisson intacte par rapport aux soins standard en termes de taux de cicatrisation et de temps de cicatrisation et suggère que ce dispositif pourrait permettre de réduire les amputations et les décès liés à ce type de plaie.
Les ulcères diabétiques sont des complications courantes et sévères graves du diabète de type 2. Ces plaies sont parfois mortelles, on estime que les taux de mortalité à 5 ans de ces patients porteurs d’ulcères sont compris entre 13 et 42 %. Ce sont des plaies chroniques, à retard de cicatrisation ou à cicatrisation difficile, fréquemment associées à des modifications neuropathiques et angiopathiques liées à l'hyperglycémie chronique et à une altération de la fonction du système immunitaire, 2 facteurs majeurs de risque d'infection.
Une conséquence majeure de leur retard de cicatrisation est l’amputation des membres inférieurs. Plus l’ulcère est profond et plus le risque d'amputation et de décès est élevé.
Les soins standard pour les ulcères du pied diabétique sont aujourd’hui bien structurés : ils comprennent l'évaluation vasculaire, le débridement chirurgical, l'utilisation de pansements appropriés pour le maintien d'un environnement humide de la plaie, la gestion des exsudats, la décharge active, le traitement des infections et le contrôle glycémique.
Cependant, les taux de cicatrisation de ces plaies diabétique restent modestes : seulement 30 % de ces plaies sont cicatrisées en 12 semaines et seulement 45 % finissent par cicatriser… les patients atteints d'ulcères profonds impliquant le tendon, la capsule articulaire et l'os affichant des taux de guérison systématiquement inférieurs à 40 %. Cela suggère, pour ces experts, une insuffisance et parfois une inefficacité des modalités de traitement actuelles.
Une option est parfois suggérée qui ne réunit pas toujours l’agrément des chirurgiens, des soignants et…des patients porteurs de ces plaies. Il s’agit de la greffe de peau de poisson intacte (produite par le laboratoire Kerecis Limited, Islande) : ce dispositif médical est directement issu du cabillaud (Gadus morhua). Ce dispositif de peau de poisson intacte se présente sous la forme de feuilles stériles, intactes ou maillées. Le produit est déjà approuvé en Europe et aux États-Unis.
L’étude « Odinn » est un essai international contrôlé randomisé ouvert, mené avec un suivi de 2 ans, auprès de 255 patients répartis de manière aléatoire à une greffe de peau de poisson intacte ou à des soins standard. L’analyse révèle que :
- la cicatrisation est obtenue chez 44 % des patients à 16 semaines avec une greffe de peau de poisson intacte cvs 26 % avec les soins standard ;
- à 20 semaines, ces taux de cicatrisation atteignent respectivement 46 % vs 32 % ;
- à 24 semaines, 55 % vs 38 % ;
- le temps moyen de cicatrisation est de 17 semaines pour le groupe d’intervention vs 19 semaines pour le groupe témoin ;
- ainsi, le recours à la greffe de peau de poisson intacte apparaît associée à un temps de cicatrisation plus rapide ;
- cependant, les infections primaires des plaies sont survenues plus fréquemment (30 %) des patients du groupe de greffe de peau vs les patients du groupe de soins standard (25 %).
Globalement, cet essai confirme que parmi les patients atteints d'ulcères profonds du pied diabétique, le traitement par greffe de peau de poisson intacte est bien supérieur aux soins standard en termes de taux de cicatrisation et de temps de cicatrisation.
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 4 Oct, 2024 DOI : 10.1056/EVIDoa2400171 Intact Fish Skin Graft to Treat Deep Diabetic Foot Ulcers
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