« À l'hôpital, nous soignons chaque jour des patients souffrant de crise cardiaque et d'insuffisance cardiaque. De nouvelles cibles thérapeutiques pour l'infarctus du myocarde permettant de prévenir le développement d'une insuffisance cardiaque sont extrêmement importantes », expliquent ces chercheurs et médecins de l’Université de Californie – San Diego. Leurs travaux, publiés dans la revue Nature, révèlent mécanisme d’inflammation cardiaque qui pourrait permettre d’élargir les options thérapeutiques pour empêcher les crises cardiaques de se transformer en insuffisance cardiaque.
L’auteur principal, le Dr King, professeur au département de bio-ingénierie et de cardiologie de l'UC San Diego rappelle que la cardiopathie ischémique est la cause de décès la plus courante au monde. Elle commence par une « crise cardiaque », également appelée infarctus du myocarde qui provoque la mort d'une partie du cœur en raison d'un débit sanguin coronaire défectueux. Cela entraîne
une inflammation aiguë, un remodelage de la paroi cardiaque et une insuffisance cardiaque.
Les médicaments anti-inflammatoires se sont révélés étonnamment inefficaces à prévenir l'insuffisance cardiaque. En conséquence, ils ne font pas partie intégrante des soins post-infarctus. Cependant -ajoutent les auteurs- il est possible qu’on découvre, dans le futur, des cibles d'inflammation plus puissantes.
L’étude aboutit à la découverte d’un nouveau mécanisme d’inflammation cardiaque qui pourrait permettre d’éviter ou de
prévenir cette évolution de la crise cardiaque vers l’insuffisance cardiaque.
L’inflammation après un infarctus du myocarde est attribuée à certaines cellules immunitaires dont les neutrophiles et les macrophages qui s’infiltrent dans le cœur. Cependant, l’équipe observe ici, avec surprise que la réponse pro-inflammatoire est activée, non pas au niveau de l’infarctus où les cellules immunitaires sont concentrées, mais plutôt dans la zone limite (« borderzone »), qui entoure l’infarctus.
Or, cette zone limite reste peu étudiée dans l’infarctus du myocarde. C’est là que les cellules musculaires cardiaques survivantes tentent de se stabiliser et même de proliférer après avoir été déconnectées de leurs cellules voisines mourantes. Cette zone limite est difficile à étudier car elle n'est pas facilement isolable du reste du cœur. Ici, les chercheurs utilisent de nouvelles techniques, comme la transcriptomique spatiale qui permettent de reconnaître les cellules de la zone frontalière en fonction de leurs modèles d'expression génétique.
Objectif, identifier les cellules responsables de l’inflammation de la zone « limite » entourant l’infarctus : afin d’identifier le type de cellules qui déclenche l'inflammation de cette zone « frontalière », l'équipe a créé une série de souris modèles, chaque type chacune incapable d'initier la la réponse pro-inflammatoire dans un type de cellule différent. Ces essais révèlent que :
- les cellules du muscle cardiaque appelées cardiomyocytes sont à l’initiative de la réponse pro-inflammatoire -ou signalisation interféron de type 1 IFN- au niveau de la zone frontalière ;
- les cardiomyocytes mécaniquement stressés dans cette zone présentent fréquemment une rupture de l'enveloppe nucléaire, ce qui permet la fuite de l'ADN nucléaire et induit l'activation de la signalisation IFN ;
- ce processus est responsable d’un affaiblissement mécanique de la paroi cardiaque, la rend plus vulnérable à la dilatation, à l'amincissement et à la rupture.
Prises ensemble, ces observations suggèrent que la limitation du stress mécanique au niveau de la zone limite, l'inhibition de la détection de l'ADN et la prévention de la signalisation IFN de type I constituent de nouvelles pistes à suivre, afin de prévenir l’évolution de la crise à l’insuffisance cardiaque.
Source: Nature 28 Aug, 2024 DOI : 10.1038/s41586-024-07806-1 Spatially clustered type I interferon responses at injury borderzones
Laisser un commentaire