La vitamine D se révèle un traitement d'appoint prometteur pour la stéatose hépatique ou maladie du foie gras non alcoolique (NAFLD : non-alcoholic fatty liver disease), en raison de ses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et antifibrotiques. Si d’autres recherches restent nécessaires pour préciser les recommandations d’apport de vitamine D dans la NAFLD, selon ces données, publiées dans la revue Exploratory Research and Hypothesis in Medicine, la vitamine D pourrait devenir la pierre angulaire de l’approche multidimensionnelle de la gestion de ces maladies du foie.
La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) est un problème de santé mondial émergent, reconnu comme l'une des principales causes de maladie hépatique chronique. Sa prévalence mondiale atteint 32 %, avec des taux plus élevés chez les hommes (près de 40 %) que chez les femmes (26 %). La maladie est caractérisée par une accumulation anormale de lipides dans les hépatocytes et des taux élevés d’enzymes hépatiques. Sa progression peut conduire à une stéatohépatite non alcoolique, une cirrhose du foie et un carcinome hépatocellulaire. Récemment, la NAFLD a été redéfinie comme une stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique ce qui reflète son association avec des troubles métaboliques.
La vitamine D, une vitamine liposoluble essentielle, joue un rôle important dans l’homéostasie du calcium et la santé des os. Au-delà de ces rôles mieux connus, la vitamine D intervient dans différents domaines de santé non squelettiques, avec notamment des effets anti-inflammatoires, antioxydants et antifibrotiques. Le foie fait partie intégrante du métabolisme de la vitamine D, la convertissant en sa forme active, le calcitriol, qui exerce ces nombreux effets biologiques.
Les auteurs du Medical College and Hospital de Faridabad (Inde) décrivent ici
une véritable « diaphonie moléculaire entre la vitamine D et la stéatose hépatique non alcoolique »,
suggérant que la vitamine D s’oppose au niveau moléculaire à chaque étape de la progression de la NAFLD au cancer du foie. Les scientifiques décryptent a la pathogenèse de la NAFLD et montrent qu’elle implique plusieurs voies moléculaires. Parmi les principaux aspects du rôle de la vitamine D dans la NAFLD :
- des effets anti-inflammatoires : la vitamine D module les réponses immunitaires en régulant négativement les cytokines pro-inflammatoires telles que le TNF-α et l'IL-6, tout en régulant positivement les cytokines anti-inflammatoires comme l'IL-10. Cette modulation aide à réduire l’inflammation du foie, facteur majeur de la progression de la NAFLD ;
- des effets antioxydants : la vitamine D améliore l'expression des enzymes antioxydantes, réduisant ainsi le stress oxydatif dans les hépatocytes. Le stress oxydatif étant un facteur clé des lésions hépatiques, cet effet antioxydant est donc particulièrement « précieux » ;
- sur le métabolisme lipidique : la vitamine D influence le métabolisme lipidique en régulant l'expression des gènes impliqués dans la synthèse et l'oxydation des acides gras. En favorisant l’oxydation des lipides et en réduisant leur synthèse, la vitamine D prévient et réduit l’accumulation de lipides dans le foie ;
- des effets antifibrotiques : La vitamine D inhibe l'activation des cellules étoilées hépatiques, impliquées dans le développement de la fibrose hépatique. Cette inhibition se produit selon différentes voies de signalisation, la vitamine D intervenant dans ces voies et contribuant donc à prévenir la fibrose hépatique.
La relation inverse entre les niveaux de vitamine D et la NAFLD est déjà bien établie : Des études observationnelles ont montré la corrélation inverse entre les taux sériques de vitamine D et la gravité de la NAFLD. Des essais contrôlés randomisés ont également suggéré qu'une supplémentation en vitamine D peut apporter des améliorations significatives des taux d'enzymes hépatiques, une réduction de la teneur en graisse du foie et une amélioration des caractéristiques histologiques de la NAFLD.
Le potentiel thérapeutique de la vitamine D dans la gestion de la NAFLD est donc bien documenté, avec ses multiples rôles dans la santé du foie. Cependant, il reste à définir la posologie optimale, la durée du traitement et les effets à long terme de la supplémentation en vitamine D, ainsi que l’interaction possible entre la vitamine D et d’autres traitements de la maladie hépatique.
Source: Exploratory Research and Hypothesis in Medicine 2024 DOI: 10.14218/ERHM.2023.00019 Molecular Crosstalk Between Vitamin D and Non-alcoholic Fatty Liver Disease
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