Entre le microbiome vaginal et l’infection urinaire, il existe une relation étroite, la connexion microbienne entre la vessie et le vagin, relève cette étude d’urologues de l’Okayama University (Japon) qui décrypte, précisément la relation entre les bactéries vaginales et les infections récurrentes des voies urinaires, ici chez des femmes ménopausées. Ces travaux, publiés dans le Journal of Infection and Chemotherapy, révèlent, en effet, une similarité génétique chez E. coli pathogène isolée de l’urine et du vagin de femmes atteintes de cystite récurrente.
Le corps humain héberge un large éventail de micro-organismes ou microbiomes qui participent à cet équilibre délicat crucial pour la santé globale. Cette harmonie microbienne peut être perturbée par des facteurs tels que les infections, le vieillissement et les changements hormonaux, ce qui entraîne une dysbiose, ou un déséquilibre des communautés microbiennes, les mauvaises bactéries prenant le dessus et devenant nocives pour la santé. Les femmes ménopausées présentent une vulnérabilité toute particulière aux infections et inflammations récurrentes des voies urinaires, dont la cystite, en raison des changements hormonaux.
L’auteur principal, le Dr Takanori Sekito, urologue à l’université d’Okayama, ajoute : « Chez les femmes ménopausées, la flore vaginale change avec une diminution des espèces de Lactobacillus. Les femmes souffrant d’infections récurrentes du système urinaire, également connues sous le nom de cystite récurrente, présentent une composition microbienne vaginale distincte de celles souffrant de cystite non récurrente.
Un lien entre altération du microbiote vaginal et cystites récurrentes
L’étude analyse 14 échantillons de patientes souffrant de cystite à E. coli et conclut à des souches présentant une similarité clonale de plus de 89 %, certaines (4 paires) étant même identiques à 100 %. L’analyse des microbiomes de la vessie et du vagin de patientes infectées met en en effet en évidence l’association entre Escherichia coli pathogène urinaire et vaginal dans les cystites récurrentes. Les scientifiques ont isolé Escherichia coli pathogène de l’urine et du vagin de ces participantes atteintes de cystite récurrente et ont examiné le génome bactérien à l’aide de plusieurs techniques moléculaires. L’équipe a également évalué la sensibilité d’E. coli isolée à un panel d’agents antimicrobiens. Ces analyses révèlent que :
- dans la majorité des cas, les souches E. coli pathogènes isolés de l’urine et du vagin sont très similaires voire identiques ;
- les différentes souches vaginales et urinaires d’E. coli montrent une sensibilité similaire au panel de médicaments antimicrobiens ;
- pris ensemble, ces résultats confirment que l’agent pathogène responsable de la maladie réside à la fois dans la vessie et dans le vagin.
Les chercheurs font ici l’hypothèse que E. coli migre entre ces 2 « niches », infectant les cellules des deux organes et provoquant la récidive de la maladie entre 2 cours d’antibiotiques.
« Le vagin peut servir de réservoir de bactéries entériques, notamment E. coli, et la cystite peut devenir incurable ».
Quelle implication ? En cas de cystite récurrente, il est important de cibler E. coli non seulement dans l’urine mais aussi dans le vagin. Les chercheurs ont d’ailleurs développé des suppositoires vaginaux de Lactobacillus, pour prévenir la cystite récurrente. Ce nouveau mode de prévention « non antimicrobien » régule efficacement le milieu vaginal et réduit la virulence urinaire d’E. coli.
Pour les millions de femmes qui souffrent de cystites récurrentes et douloureuses, il fallait y penser.
Source: Journal of Infection and Chemotherapy 4 June, 2024 DOI: 10.1016/j.jiac.2024.05.015 Homology of Escherichia coli isolated from urine and vagina and their antimicrobial susceptibility in postmenopausal women with recurrent cystitis
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