C’est un nouveau modèle d’analyse, proposé par ces chercheurs de l'Université de Rochester qui pourra aider les agences sanitaires et, par la suite, les femmes enceintes à opter pour une consommation sûre et suffisante de poisson durant la grossesse. La recherche, publiée dans l’American Journal of Epidemiology, permet une meilleure estimation du rapport bénéfice – risque de la consommation de poisson, un élément clé de nombreux régimes alimentaires sains.
La consommation de poisson pendant la grossesse est l’objet d’un débat scientifique complexe. D’une part, le poisson est riche en nutriments essentiels au développement du cerveau, notamment des acides gras polyinsaturés, du sélénium, de l’iode et de la vitamine D. D’autre part, le poisson contient du méthylmercure, un neurotoxique connu. Cela a conduit les agences sanitaires à recommander aux femmes enceintes d'en limiter la consommation, de nombreuses femmes renonçant même totalement à la consommation de poisson pendant la grossesse.
La consommation de poisson est une voie d'exposition au méthylmercure
Les recherches tentant d’évaluer le risque pour la santé posé par le mercure sont compliquées par le fait que les bienfaits nutritionnels du poisson peuvent modifier ou réduire la toxicité du mercure.
L’étude actuelle basée sur une approche de « modélisation alternative » prend en compte, pour la première fois, l'exposition au mercure en fonction de la teneur moyenne en mercure du poisson consommé. L’analyse des données de 361 enfants de la cohorte de la cohorte New Bedford, nés entre 1993 et 1998, évalués pour leur développement neurologique, par tests de QI, de langage, de mémoire et d'attention, à l'âge de 8 ans, a pris en compte leur exposition au mercure in utero, au cours du 3è trimestre de la grossesse. Cette donnée a pu être recueillie par l’analyse de cheveux prélevés auprès des mères après la naissance. En utilisant ce modèle, l’analyse révèle que :
- la relation entre la consommation de poisson pendant la grossesse et le développement neurologique de l’enfant, varie bien en fonction des niveaux moyens de mercure estimés dans le poisson ;
- plus précisément,
la consommation de poisson contenant peu de mercure reste bénéfique,
- tandis que la consommation de poisson contenant des niveaux plus élevés de mercure est préjudiciable.
Il est donc crucial de disposer des concentrations de mercure selon les différents types de poissons, pour estimer le rapport bénéfice -risque de la consommation de poisson durant la grossesse.
Pas de règle universelle : l’étude ne répond pas par un modèle universel.
Les recommandations actuelles restent en vigueur, mais devraient être modulées en fonction de ces concentrations, et de leurs variations selon les localisations.
Source: American Journal of Epidemiology 28 June, 2024 DOI: 10.1093/aje/kwae149 A Novel Approach to Assessing the Joint Effects of Mercury and Fish Consumption on Neurodevelopment in the New Bedford Cohort
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