Cette étude pilote, menée à la Johns Hopkins Medicine (Baltimore) et soutenue par les US National Institutes of Health (NIH) fournit, dans la revue Cell Metabolism, un « modèle » pour évaluer l’effet de l’alimentation sur la santé cérébrale. Elle confirme également les bénéfices d’une alimentation saine et des régimes de type jeûne intermittent pour la santé cérébrale et cognitive.
La résistance à l’insuline est une caractéristique du diabète de type 2 et est fréquente chez les personnes obèses. De nombreuses recherches ont montré que les personnes souffrant de résistance à l’insuline encourent un risque plus élevé de maladie d’Alzheimer et d’autres troubles cognitifs. En conséquence, la perte de poids pourrait être un moyen pour réduire ce risque cérébral et cognitif.
Par ailleurs, de précédentes recherches de la même équipe, menées sur des modèles animaux de diabète et d’Alzheimer ont montré que le jeûne intermittent améliore la cognition, comme la sensibilité à l’insuline.
L’étude menée auprès de 40 participants âgés en moyenne de 63 ans, souffrant d’obésité et de résistance à l’insuline assignées soit à un régime de jeûne intermittent, soit à un régime alimentaire sain standard approuvé apporte des indices importants sur les avantages possibles de ces 2 régimes sur la santé cérébrale. L’équipe propose finalement un « modèle », basé sur un large panel de biomarqueurs pour évaluer l’impact alimentaire sur la santé cérébrale.
Parmi ces biomarqueurs, figurent des vésicules extracellulaires (VE)– de minuscules paquets de matériaux excrétés par les neurones. Ces VE dérivées des neurones sont excrétées dans le sang circulant et ont pu être collectées pendant une période de 8 semaines, alors que les participants suivaient l’un des deux régimes. L’équipe a en effet développé une méthode pour isoler du sang ces vésicules extracellulaires dérivées des neurones. Elle identifie des preuves moléculaires de la résistance à l’insuline dans ces VE dérivées des neurones des personnes atteintes de diabète et de la maladie d’Alzheimer. L’analyse révèle que :
les 2 types de régimes présentent des avantages en termes de diminution de la résistance à l’insuline et d’amélioration de la cognition ;
- les 2 types de régimes permettent l’amélioration du BrainAGE (une mesure de l’âge biologique du cerveau à l’aide des données structurelles de l’IRM) et la diminution de la concentration de glucose dans le cerveau ;
- ils entraînent tous 2 des améliorations de la mémoire et de la fonction exécutive, cependant le régime de jeûne intermittent de manière encore plus marquée ;
- enfin, les 2 régimes ont naturellement amélioré les mesures habituelles de la santé métabolique, notamment le poids, l’IMC, la mesure du tour de taille, les lipides sanguins tels que le cholestérol et la résistance à l’insuline ;
- une augmentation des niveaux d’une protéine neurofilamentaire (une protéine structurelle des neurones) est observée dans les 2 groupes de régime, mais principalement dans le groupe jeûne intermittent, cependant ses implications en termes de santé cérébrale ne sont pas claires ; « Les neurones libèrent beaucoup de protéines, et une idée est que le jeûne intermittent pourrait provoquer une sorte de neuroplasticité (un changement de structure) dans les neurones, provoquant la libération de protéines de neurofilaments ».
- quelques participants signalent des effets secondaires modestes, dont la constipation et des selles molles, ainsi que des maux de tête occasionnels.
L’un des auteurs principaux, le Dr Mark Mattson, professeur de neurosciences à l’Université Johns Hopkins relève que « d’autres scientifiques voudront peut-être intégrer les marqueurs (cérébraux) dans leurs recherches sur l’alimentation et la santé du cerveau ».
Source: Cell Metabolism 19 June, 2024 DOI: 10.1016/j.cmet.2024.05.017 Brain responses to intermittent fasting and the healthy living diet in older adults
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