Cette équipe de neuroscientifiques de l’Université de Copenhague vient d’identifier, dans le cerveau, une voie de signalisation jusque-là inconnue, responsable de la migraine avec aura : l’identification ce « nouveau » mécanisme, décrypté dans la revue Science, par lequel les protéines du cerveau sont transportées vers un groupe particulier de nerfs sensoriels et provoquent des crises de migraine, ouvre la voie à de nouveaux traitements plus efficaces contre la migraine.
On estime que dans le monde, une personne sur 2 a eu mal à la tête au cours de l'année précédente et, parmi ces personnes, plus de 30% se déclarent « migraineux ». Chez environ un quart de tous les patients migraineux, les crises de maux de tête sont précédées d’une aura, caractérisée par des symptômes cérébraux, tels que des troubles visuels ou sensoriels temporaires précédant la crise.
En dépit de cette prévalence élevée, les processus ou voies menant aux maux de tête restent un mystère pour les scientifiques.
La recherche cependant, dissipe ce mystère chez la souris et chez l’Homme
L'étude a en effet compris des examens IRM du ganglion trijumeau humain et, selon les scientifiques, tout indique que la fonction de la voie de signalisation est la même chez la souris et chez l'Homme. L’étude est la première à démontrer que les protéines libérées par le cerveau lors d'une migraine avec aura sont transportées avec le liquide céphalo-rachidien vers les nerfs de signalisation de la douleur responsables des maux de tête.
L’auteur principal, Martin Kaag Rasmussen, chercheur au Centre de neuromédecine translationnelle de l'Université de Copenhague résume : « Nous avons découvert que ces protéines activent un groupe de corps de cellules nerveuses sensorielles à la base du crâne, ce qu'on appelle le ganglion trijumeau, qui peut être décrit comme une porte d'entrée vers le système nerveux sensoriel périphérique du crâne ».
À la racine du ganglion trijumeau, la barrière qui empêche habituellement les substances de pénétrer dans les nerfs périphériques est absente, ce qui permet aux substances présentes dans le liquide céphalorachidien de pénétrer et d'activer les nerfs sensoriels signalant la douleur, entraînant des maux de tête.
« Nos résultats suggèrent que nous avons identifié le principal canal de communication entre le cerveau et le système nerveux sensoriel périphérique. Il s’agit d’une voie de signalisation jusqu’alors inconnue, importante pour le développement des migraines, et qui pourrait également être associée à d’autres maux de tête ».
Le système nerveux périphérique est constitué de toutes les fibres nerveuses responsables de la communication entre le système nerveux central – le cerveau et la moelle épinière – et la peau, les organes et les muscles. Le système nerveux sensoriel, qui fait partie du système nerveux périphérique, est responsable de la communication d'informations au cerveau, dont la douleur.
Pourquoi ces maux de tête « d’un seul côté » : la recherche fournit également une explication : l’étude du transport des protéines du cerveau montre que les substances ne sont pas transportées vers l'ensemble de l'espace intracrânien, mais principalement vers le système sensoriel du même côté, ce qui provoque des maux de tête unilatéraux.
Vers nouvelles options de traitement ? L’analyse par spectrographie de masse des substances libérées pendant la phase d'aura d'une crise de migraine, c'est-à-dire pendant la phase de troubles visuels, révèle que :
- 11 % des 1.425 protéines identifiées dans le liquide céphalo-rachidien sont modifiés lors des crises de migraine ;
- 12 protéines dont la concentration augmente pendant les crises, agissent comme des substances transmettrices capables d'activer les nerfs sensoriels ;
- lorsque ces protéines sont libérées, elles sont transportées vers le ganglion trijumeau via lesdites voies de signalisation, où elles se lient à un récepteur d'un nerf sensoriel signalant la douleur, activant le nerf et déclenchant la crise de migraine succédant aux symptômes de l'aura ;
- parmi ces protéines, CGRP, une protéine déjà associée à la migraine et utilisée dans les traitements existants ;
- toute une série d’autres protéines sont également découvertes, qui pourraient ouvrir la voie à de nouvelles options de traitement.
Prochaine étape donc, identifier les protéines qui présentent le plus grand potentiel.
Source: Science 4 July, 2024 Trigeminal ganglion neurons are directly activated by influx of CSF solutes in a migraine model
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