La réalisation de cette recherche par une équipe de l’Université de l’Oklahoma Health Sciences Center, auprès d’un groupe de pompiers, ne réduit pas ses implications à ce groupe de population, mais apporte un exemple de l’efficacité de l’alimentation à prévenir et à lutter contre les cancers. Ces travaux, publiés dans le Journal of Nutrition Education and Behaviour, révèlent à quel point les habitudes alimentaires peuvent réduire un risque bien documenté de cancer et appellent à mieux communiquer sur ce mode de prévention.
Les pompiers sont confrontés à un risque disproportionné de nombreux cancers (notamment de cancers digestifs et respiratoires) vs population générale. En 2022, le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a alerté sur la sur-représentation de certains cancers au sein de la profession, notamment en raison de l’exposition aux retardateurs de flamme. Leurs expériences avec le cancer et leurs points de vue sur la mesure dans laquelle l’alimentation peut contribuer à réduire le risque de cancer restent cependant peu explorés. Cette recherche met en lumière la relation entre les habitudes alimentaires et la sensibilisation à la prévention du cancer et va permettre de mieux guider le développement d’interventions ciblées pour la prévention des cancers,
en mettant l’accent sur le rôle clé du régime alimentaire.
L’auteur principal, le Dr Ashlea Braun, chercheur en nutrition à l’University of Oklahoma Health Sciences Center ajoute : « Étant donné le lien entre l'alimentation et le risque de cancer, il est d'une importance primordiale de préciser comment les facteurs nutritionnels peuvent être atténués grâce à des interventions fondées sur des preuves ».
L’étude est une enquête menée auprès de près de 471 pompiers américains et de l’analyse de leurs données qualitatives et quantitatives d’antécédents de cancer et de leurs habitudes nutritionnelles. Un processus de codage rigoureux a été utilisé pour identifier les stratégies d'intervention et les facteurs liés à la nutrition. L’analyse révèle que :
- près de la moitié, soit 48 % des participants pompiers étaient tout à fait d’accord avec le fait qu’ils encourent un risque particulièrement élevé de cancer ;
- 45 % étaient tout à fait d’accord avec le fait qu’un changement de régime alimentaire permet de réduire le risque de cancer ;
- 45 % étaient tout à fait favorables à une éducation sur les bons comportements nutritionnels ;
- sur un plan plus qualitatif, un grand nombre de participants se sont dits préoccupés par la désinformation et voulaient savoir exactement
quel niveau de réduction des risques ils pourraient atteindre en modifiant leur alimentation ;
- beaucoup ont également exprimé leurs inquiétudes concernant l'environnement alimentaire de leur caserne et de leur résidence.
L’étude confirme ainsi, à travers l’analyse de connaissances d’une cible très spécifique, l’importance de l’éducation sur les avantages possibles d’une bonne alimentation en prévention des cancers. L’accès à un soutien personnalisé qui aide chacun à mettre en œuvre les changements nécessaires, en fonction de son environnement alimentaire s’impose. Il est besoin « d’informations crédibles et spécifiques pouvant aider à prendre des décisions alimentaires éclairées », concluent les chercheurs.
« Certains individus -comme les pompiers- sont conscients de leur risque accru de cancer et sont disposés à modifier leur régime alimentaire pour protéger leur santé. Il y a finalement peu de doutes quant aux effets du régime alimentaire sur le risque de cancer, la plupart des participants pensant qu’un changement de régime alimentaire permet réduire leur risque de cancer. Cependant, un accompagnement vers ces changements alimentaires reste nécessaire ».
Source: Journal of Nutrition Education and Behavior 6 May, 2024 DOI: 10.1016/j.jneb.2024.01.008 Perceptions of Preventable Cancer Burden Among US-Based Firefighters: A Mixed Methods Cross-Sectional Study
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