De nombreuses recherches ont montré que l’extrême vulnérabilité du fœtus in utero aux expositions aux substances toxiques. Cette étude, menée par une équipe de la Keck School of Medicine de l’University of Southern California (USC) révèle que l’exposition au fluorure -une forme du fluor- pendant la grossesse, est liée à un risque accru de problèmes neurocomportementaux chez l’enfant à naitre. Ces travaux, publiés dans le JAMA Network Open, alertent sur ce lien entre le fluorure prénatal et le fonctionnement social, émotionnel et comportemental à l’enfance.
Une majorité de la population des pays riches -et ici des Etats-Unis- reçoit de l’eau potable contenant du fluor, la pratique visant à contribuer à prévenir la carie dentaire. Des recherches récentes ont cependant suggéré que l’exposition au fluorure peut nuire au fœtus, la grossesse étant une période critique du développement du cerveau.
L’étude, soutenue par les National Institutes of Health (NIH) suit 229 paires mère-enfant, et analyse les données d’exposition au fluorure pendant la grossesse et le comportement de l’enfant à l’âge de 3 ans. Les chercheurs ont calculé l’exposition au fluorure à partir d’échantillons d’urine collectés au cours du troisième trimestre de la grossesse. Les enfants ont ensuite été évalués à l’âge de 3 ans à l’aide de l’échelle Preschool Child Behavior Checklist qui utilise les rapports des parents pour évaluer le fonctionnement social et émotionnel de l’enfant. Cette analyse révèle que :
- une augmentation de 0,68 milligramme de fluorure par litre d’eau est associée à un risque pratiquement multiplié par 2 (1,83) de troubles neurocomportementaux plus tard dans la vie ;
- plus précisément, les enfants exposés à davantage de fluor présentaient davantage de problèmes de réactivité émotionnelle, de troubles somatiques (tels que maux de tête et de ventre), d’anxiété et de symptômes de type autistique ;
- aucune association n’a été trouvée avec plusieurs autres symptômes neurocomportementaux, notamment les « comportements d’extériorisation » tels que l’agressivité et les problèmes d’attention.
L’auteur principal, le Dr Tracy Bastain, professeur agrégé de santé publique commente ce résultat : « Les femmes les plus exposées au fluorure pendant la grossesse ont renseigné, pour leur enfant, des niveaux de troubles neurocomportementaux globaux et les symptômes d’intériorisation plus marqués, notamment en termes de réactivité émotionnelle, d’anxiété et de plaintes somatiques ».
Ces résultats viennent s’ajouter aux preuves scientifiques déjà disponibles, issues d’études animales montrant que le fluorure peut nuire au développement neurologique. Des études chez l’Homme également menées au Canada, au Mexique et dans d’autres pays ont suggéré que l’exposition prénatale au fluorure est liée à un QI plus faible au cours de la petite enfance.
Les chercheurs souhaitent donc sensibiliser aux risques neurodéveloppementaux liés à l’exposition au fluorure in utero.
« Il s’agit de la première étude à examiner cette association. Nos résultats sont remarquables, d’autant que les femmes enceintes ayant participé à l’étude ont été exposées à des niveaux de fluorure assez faibles, mais sur une longue durée… ». Actuellement, il n’existe aucune recommandation officielle pour limiter la consommation de fluorure pendant la grossesse.
Source: JAMA Network Open 20 May, 2024 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2024.11987 Maternal Urinary Fluoride and Child Neurobehavior at Age 36 Months
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