Alors qu’aux États-Unis, l’incidence durant la grossesse de l’hypertension artérielle (HTA) chronique a doublé de 2008 à 2021, le taux de traitement contre l'hypertension artérielle pendant la grossesse est resté faible et stable, dénonce cette étude menée à l’Université de Stanford, publiée dans la revue Hypertension, de l’American Heart Association (AHA). Avec une conclusion riche d'implication en santé publique, seulement 60 % des femmes enceintes souffrant d’HTA sont traitées par médicaments antihypertenseurs.
L'hypertension chronique pendant la grossesse est définie comme une hypertension artérielle diagnostiquée avant la grossesse ou avant 20 semaines de grossesse. De récentes recherches ont suggéré que le traitement médicamenteux de l'hypertension artérielle légère ou modérée pendant la grossesse réduit le risque d'hypertension grave et de prééclampsie. La prééclampsie commence généralement après 20 semaines de grossesse et peut provoquer des lésions hépatiques ou rénales et doubler les risques d’insuffisance cardiaque future et d’autres complications cardiovasculaires.
Un double appel au diagnostic et à la prise en charge de l'HTA durant la grossesse
Cette recherche constitue donc un double appel, à respecter les directives cliniques de diagnostic et de traitement avant mais également pendant la grossesse. D’autant qu’en 2017, aux États-Unis, les directrices cliniques de l’AHA et de l'American College of Cardiology ont révisé les seuils de diagnostic de l'hypertension artérielle de 140/90 mm Hg à 130/80 mm Hg pour le stade 1, et de 160/110 mm Hg à 140/ 90 mm Hg pour l'hypertension de stade 2. Les directives actuelles recommandent un traitement médicamenteux pour les femmes non enceintes souffrant d'hypertension artérielle de stade 2 ; pour l'hypertension artérielle de stade 1 chez les personnes atteintes de diabète de type 1 ou de type 2 ou d'une maladie rénale ; et pour l'hypertension artérielle de stade 1 chez les individus atteints d'une maladie cardiovasculaire établie ou sans maladie cardiovasculaire mais avec un risque estimé ou plus de 10 % de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse.
Si ces nouvelles lignes directrices ont abaissé les seuils de tension artérielle pour le traitement de l’hypertension, aucun changement significatif de prise en charge n’est intervenu depuis, explique l’un des auteurs principaux, le Dr Stephanie Leonard, épidémiologiste et professeur de médecine maternelle et fœtale et d'obstétrique à l'université de Stanford.
« Alors que le taux d'hypertension pendant la grossesse a doublé, l'utilisation de médicaments pour le traitement est restée stable ».
L'étude qui analyse des données de la base des réclamations d’assurance maladie privée pour 2007 à 2021, révèle que :
- le taux de diagnostic d’HTA a augmenté régulièrement, passant de 1,8 % à 3,7 % parmi 1,9 millions de grossesses documentées entre 2008 et 2021 ;
- sur cette période d'étude de 14 ans, cela équivaut à un doublement de la prévalence de l’HTA pendant la grossesse ;
- l’incidence de l’HTA pendant la grossesse a augmenté régulièrement mais sans augmentation des nouveaux diagnostics après la nouvelle directive de 2017 : cela suggère un sous-diagnostic et un sous-traitement de la condition ;
- dans les faits, l'utilisation de médicaments pour le traitement de l’HTA, pendant la grossesse, est restée faible et stable au cours du suivi.
Cette large étude met en évidence le fardeau croissant de l’hypertension chronique et de la mauvaise santé cardiovasculaire avant et donc pendant la grossesse, révélant ainsi de nouvelles cibles essentielles pour améliorer la santé maternelle.
Il existe donc une grande marge d‘amélioration de la santé cardiovasculaire des femmes, avant la grossesse, chez les femmes enceintes, puis post-partum, ainsi que celle de leur progéniture.
Source: AHA Newsroom 17 June, 2024 Chronic high blood pressure during pregnancy doubled between 2008 and 2021 in the U.S. et Hypertension journal 17 June, 2024 (In Press) manuscript
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