Une récente étude avait montré que le Paxlovid ne réduit pas le risque de COVID long, cette recherche menée à la Stanford Medicine, s’il confirme sa sécurité, révèle aussi qu’un traitement de 15 jours n’apporte aucun avantage contre le COVID long. Cet essai clinique, publié dans le JAMA Internal Medicine constate que le médicament ne permet pas d’atténuer les symptômes d’un syndrome post-COVID et n’empêche pas non plus la réapparition ou le rebond du COVID quelques mois après l’infection initiale.
Le Paxlovid est une combinaison de médicaments antiviraux ciblant le SRAS-CoV-2, un agent antiviral très efficace et approuvé par les agences sanitaires pour le traitement des adultes récemment infectés par le SRAS-CoV-2, qui présentent des symptômes légers ou modérés du COVID ainsi qu’un risque élevé de complications en raison de leur âge ou de conditions préexistantes. Il a été démontré qu’un traitement de 5 jours réduit de plus de 85 % le risque d’hospitalisation et de décès chez ce groupe de patients.
Sécurité oui mais efficacité non contre le COVID long
L’auteur principal, le Dr Linda Geng, professeur de soins primaires note : « s’il existe désormais des thérapies et des traitements améliorés pour le COVID aigu, nous n’avons pas de protocole pour le COVID long, en dépit du nombre de patients atteints qui continue à augmenter ». On estime en effet que 10 à 20 % des personnes infectées par le SRAS-CoV-2 développeront un COVID long. Cependant, cette estimation même reste floue, car la définition clinique du COVID long n’est pas arrêtée :
plus de 200 symptômes distincts sont attribués au syndrome.
Ces symptômes sont souvent communs à d’autres affections, ce qui rend le diagnostic complexe. Ainsi, suggèrent les auteurs, le COVID long pourrait être un ensemble de maladies différentes déclenchées par l’infection aiguë, mais avec des mécanismes et des effets sous-jacents différents qui nécessiteraient des traitements spécifiques pour les atténuer. Plusieurs causes de COVID long sont en effet avancées : les changements induits par les virus dans le microbiote, l’inflammation résiduelle et chronique, une auto-immunité stimulée par l’infection initiale et le réveil d’autres virus infectieux qui étaient jusque-là dormants.
L’étude, l’essai de phase II randomisé, contrôlé et en double aveugle STOP-PASC, est le premier à tester le Paxlovid contre le COVID long et le « réservoir viral du COVID ». Il est en effet possible que même si les symptômes initiaux se sont atténués une charge virale ou des débris viraux persistent dans les tissus profonds, s'y cachant et peut-être s'y répliquant lentement. L’essai est mené auprès de 155 participants testés positifs pour le SRAS-CoV-2, tous vaccinés, sauf 2 et âgés en moyenne de 43 ans. Ces participants avaient été initialement infectés en moyenne plus de 16 mois avant leur inclusion. Cependant, tous les participants signalaient au moins 2 symptômes courants du COVID long : fatigue, brouillard cérébral, essoufflement, courbatures et symptômes cardiovasculaires ou gastro-intestinaux. La moitié des participants ont reçu un traitement Paxlovid de 15 jours, les autres un placebo ainsi que de faibles doses de l’un des deux médicaments distincts qui, combinés, constituent Paxlovid. L’analyse révèle que :
- à 10 semaines, aucune différence statistiquement significative n’est relevée entre les 2 groupes en ce qui concerne la gravité des principaux symptômes ;
- aucune différence n’est également relevée dans les principales caractéristiques cliniques ( tension artérielle, fréquence cardiaque en position assise et debout, performances au test « assis et debout » d'une minute) ;
- l’innocuité du traitement de 15 jours est confirmée, aucun événement indésirable grave n’étant intervenu en rapport avec le traitement médicamenteux.
En conclusion, si le Paxlovid peut être administré en toute sécurité pendant une période plus longue, il ne permet pas de réduire les symptômes du COVID long. Cependant, il reste à vérifier les avantages toujours possibles du traitement sur certains groupes de patients comme les personnes immunodéprimées, avec d’autres dosages ou posologies ou contre des groupes spécifiques de symptômes.
Enfin, les auteurs notent que Paxlovid ou pas, « curieusement, en moyenne, les symptômes globaux des participants du groupe d’intervention et du groupe placebo se sont améliorés au cours du suivi ».
N.B. L’essai a été soutenu par Pfizer
Source : JAMA Internal Medicine 7 June, 2024 DOI : 10.1001/jamainternmed.2024.2007 Nirmatrelvir-Ritonavir and Symptoms in Adults With Postacute Sequelae of SARS-CoV-2 Infection: The STOP-PASC Randomized Clinical Trial
Plus sur le Paxlovid
Laisser un commentaire