Cette équipe de médecins experts de l’University of South Australia nous explique comment, avec un diagnostic plus précoce et un traitement basé sur les meilleures pratiques, il est possible de parvenir à un taux 80 % de récupération chez les patients atteints du syndrome douloureux régional complexe, un trouble douloureux chronique et débilitant, considéré comme permanent et qui ne bénéficie que d’options de traitement limitées. Cette feuille de route thérapeutique, proposée dans le Lancet Neurology, va permettre d’offrir aux patients les meilleures chances de guérison dans l’année qui suit l’apparition des symptômes.
Le syndrome douloureux régional complexe (SDRC) est caractérisé par une douleur handicapante dans un bras ou une jambe, un gonflement des membres, des changements de température corporelle et des difficultés motrices. Les symptômes incluent également des douleurs et sensations de brûlure, de piqûre, de contractions et d’hypersensibilité dans un membre affecté. Bien que les causes exactes su SDRC ne soient pas encore bien connues, une anomalie de signalisation du cerveau vers le membre affecté est l’hypothèse retenue. Car le SDRC suit habituellement une blessure ou une intervention chirurgicale, mais avec une sensation de douleur disproportionnée et qui perdure bien au-delà de la récupération. Dans 1 cas sur 10, le déclencheur n’est pas connu. Si la plupart des gens se rétablissent en moins d’un an, certaines personnes vont éprouver les symptômes de douleur durant des années.
Cette recherche, qualifiée de « révolutionnaire » révèle qu’une détection précoce et un traitement efficace peuvent conduire à une guérison significative en 18 mois.
Une douleur neuropathique multisystémique qui nécessite une approche holistique
L’étude, MEMOIR, est menée par des médecins du Centre for Pain IMPACT de NeuRA et de l’Université d’Australie du Sud, avec pour objectif principal d’évaluer un programme de réadaptation et un traitement médicamenteux chez ces patients. L’équipe prend en compte les dernières avancées en matière d’épidémiologie, de physiopathologie, de diagnostic et de traitement du SDRC et conclut que :
- la meilleure approche thérapeutique comprend une éducation sur le SDRC, des médicaments pour contrôler la douleur, un programme de réadaptation physique et un soutien psychologique, si nécessaire.
L’auteur principal, Michael Ferraro de NeuRA, parle « d’un changement de paradigme » : « Le syndrome douloureux régional complexe est un trouble douloureux rare. La maladie se caractérise par une douleur intense et des modifications des muscles, des sensations, de la peau, des os et des nerfs, et limite souvent considérablement la capacité d’une personne à travailler ou à s’engager dans des activités sociales.
Notre recherche conteste l’idée reçue selon laquelle le SDRC est un fardeau à vie ».
L’examen et la méta-analyse des dernières données de la littérature sur le sujet confirme que :
- contrairement aux préjugés, la guérison est probable pour la plupart des patients atteints du SDRC, mais plus probable encore avec un diagnostic précoce et une approche thérapeutique globale adaptée à la nature multisystémique du trouble ;
- des facteurs biologiques et psychosociaux sont impliqués dans la maladie, une gestion réussie du trouble devrait cibler l’ensemble de ces facteurs ;
- combiner l’éducation sur la maladie (ETP), les analgésiques, la rééducation et la psychologie permet de combattre le SDRC sous tous les angles et de donner aux patients toutes les chances de guérir dans les 18 mois qui suivent l’apparition des premiers symptômes.
Des réseaux nationaux et internationaux de chercheurs se mettent en place, afin de tester les traitements globaux les plus prometteurs, dans le cadre d’essais cliniques.
Source: The Lancet Neurology May, 2024 DOI : 10.1016/S1474-4422(24)00076-0 Complex regional pain syndrome: advances in epidemiology, pathophysiology, diagnosis, and treatment
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