On sait que l’exposition aux pesticides est associée à un risque accru de maladie de Parkinson. Cependant certaines personnes seraient plus vulnérables que d’autres à ce risque : des variations génétiques pourraient conférer cette prédisposition à la maladie de Parkinson chez les personnes exposées à long terme aux pesticides, conclut cette étude menée à l’Université de Californie – Los Angeles (UCLA). Tout en confirmant l’influence des pesticides, la recherche, pubiée dans la revue NPJ Parkinson’s Disease, précise l’interaction gènes-pesticides en cause dans la susceptibilité et le développement de la maladie.
La recherche soulève de nouvelles questions sur l’existence et l’influence d’autres interactions gènes-pesticides dans d’autres maladies. Certaines variantes génétiques pourraient donc augmenter l’influence de l’exposition à long terme à certains facteurs environnementaux, en ce qui concerne le risque de maladies.
Plus particulièrement, en ce qui concerne la maladie de Parkinson, alors que des dizaines d’années de recherche ont bien établi le lien entre l’exposition aux pesticides et son incidence, la recherche explique pourquoi, bien que soumises à une même exposition, certaines personnes développent la maladie et d’autres pas.
La susceptibilité à Parkinson est bien le résultat d’un ensemble de facteurs environnementaux et génétiques
L’étude analyse les données génétiques de près de 800 participants résidant en Californie atteints de la maladie de Parkinson, dont beaucoup ont été exposés à long terme à 10 pesticides pendant au moins 10 années avant l’apparition de la maladie. Les scientifiques ont identifié les variantes génétiques associés à la fonction des lysosomes, des compartiments cellulaires qui décomposent les déchets et les débris, déjà documentés comme associés au développement de la maladie. L’analyse révèle que :
- des variantes de ces gènes spécifiques chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, plus exposés aux pesticides ;
- ces variantes génétiques semblent contribuer directement ou indirectement à perturber l’activité lysosomale, cette perturbation pouvant être à l’origine du développement de la maladie de Parkinson associé à l’exposition aux pesticides.
Un dysfonctionnement du processus d’autophagie : l’un des auteurs principaux, le Dr Brent Fogel, professeur de neurologie et de génétique conclut que même si les interactions spécifiques entre les pesticides et l’expression de ces variantes génétiques nécessitent une étude plus approfondie, ces premiers résultats suggèrent que chez une personne présentant de telles variantes génétiques, une exposition à long terme à ces pesticides est susceptible de conduire à l’accumulation de composés toxiques, en raison d’altérations de la capacité des cellules à décomposer les protéines et les organites endommagés – un processus connu sous le nom d’autophagie – et ainsi, de conduire à la maladie de Parkinson.
De précédentes recherches ont déjà mis en avant les effets de l’altération de l’autophagie soit notamment l’accumulation de protéine alpha synucléine, qui forme des amas ou corps de Lewy, caractéristiques de la maladie de Parkinson.
Au final, l’étude soutient l’hypothèse selon laquelle la prédisposition génétique provient de mutations dans les gènes associés à la fonction lysosomale et, sous l’exposition à certains pesticides, cette dysfonction des fonctions des lysosomes donc de l’autophagie, pourrait conduire au développement de Parkinson.
Cette interaction gène-environnement décryptée soulève la question de savoir s’il existe d’autres variantes génétiques susceptibles de modifier la susceptibilité à la maladie de Parkinson au sein de la population exposée aux pesticides ou de modifier l’impact de facteurs environnementaux sur le développement d’autres maladies.
Source: NPJ Parkinson’s Disease 25 April, 2024 DOI : 10.1038/s41531-024-00703-4 Lysosomal Genes Contribute to Parkinson’s Disease near Agriculture with High Intensity Pesticide Use
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