Cette maladie rare, la dermatomyosite à anticorps anti-MDA5 (MDA5+-DM), caractérisée par une maladie pulmonaire interstitielle à évolution rapide et une mortalité élevée vient d’être identifiée comme faisant partie des complications associées au COVID. Cette équipe de médecin de l’Université de Leeds, notent et alertent sur un nombre sans précédent de cas pendant la pandémie et suggère, dans la revue eBioMedicine, que l’exposition au virus du COVID peut déclencher la maladie.
La dermatomyosite à anticorps anti-MDA5 provoque des éruptions cutanées distinctives, une pneumonie et une maladie pulmonaire interstitielle, une inflammation pulmonaire à progression rapide avec des lésions souvent mortelles. MDA5 est un capteur d’ARN et un récepteur clé de reconnaissance de formes pour le virus SARS-CoV-2, ce qui suggère un lien avec le COVID, au-delà de l’augmentation du nombre de cas pendant la pandémie.
Les auteurs rappellent ses signes cliniques, principalement la combinaison d’une pulmonaire et des signes cutanés de dermatomyosite, le plus souvent en l’absence d’atteinte musculaire. Il s’agit d’un type de réponse auto-immune. L’auteur principal, le Dr Dennis McGonagle, professeur de rhumatologie à l’université de Leeds, précise : « Nous identifions jusque-là très rarement cette maladie au Royaume-Uni, mais durant la pandémie, son incidence nous a surpris ».
Virus et réponse auto-immune exacerbée, pulmonaire et cutanée
Le système immunitaire contient une protéine appelée MDA5, qui aide à détecter les virus à ARN comme le COVID-19. Normalement, cette protéine aide à déclencher une réponse immunitaire dans le corps et à combattre le virus. Cependant, il arrive parfois que le système immunitaire libère des anticorps qui attaquent par erreur cette protéine, conduisant à des maladies auto-immunes MDA5 telles que la maladie rare décrite ici. La cause exacte n’est pas bien comprise, mais les scientifiques pensent que le virus pourrait lui-même déclencher la réponse.
Des symptômes sévères : les maladies auto-immunes observées après des infections virales présentent des caractéristiques en commun, dont la fatigue, les douleurs, un gonflement des articulations, des éruptions cutanées et les troubles digestifs.
Après le MIS-C, le MIP-C ou mipsy : pendant la pandémie de COVID-19, une maladie rare a été observée chez les enfants, le syndrome inflammatoire multisystémique chez l’enfant (MIS-C), et sans aucune preuve d’infection virale active des poumons. Ce syndrome MIS-C affecte cependant plusieurs systèmes du corps, notamment le cœur, les reins, le cerveau, la peau, les yeux et les organes digestifs, mais épargne généralement les poumons.
Cette nouvelle maladie rare observée a reçu le nom de MIP-C (prononcé « mipsy »)
en raison de ses similitudes avec le MIS-C, notamment son apparition au moment de la pandémie et l’absence d’infection active dans les poumons.
L’étude est menée auprès de 60 patients présentant les symptômes d’une maladie auto-immune, qui ont été orientés vers des spécialistes en rhumatologie pour des examens plus approfondis et ont finalement reçu un diagnostic de mipsy. Sur les 60 participants, 35 avaient reçu des vaccins COVIDet 15 avaient déjà été testés positifs à la maladie.
- 25 des 60 patients (41,7 %) ont développé une maladie pulmonaire interstitielle et, malgré un traitement immunosuppresseur, 8 sont décédés ;
- Un 9è patient, qui ne souffrait pas de maladie pulmonaire interstitielle, est décédé des suites d’une septicémie ;
- Seuls 6 cas de cette maladie rare avaient été diagnostiqués entre 2018 et 2019, avant la pandémie ;
Une étude épidémiologique complémentaire menée au cours des 3 années ayant suivi l’apparition de ces 60 nouveaux cas, révèle que :
- 8 cas supplémentaires ont été diagnostiqués en 2020 ;
- 35 cas en 2021 ;
- 17 cas en 2022.
- près de la moitié (42 %) des patients atteints de cette maladie rare n’avaient pas été vaccinés contre le COVID, ce qui suggère une réaction immunitaire excessive après une exposition naturelle au virus.
« Nous savons que les vaccins peuvent déclencher une réaction immunitaire excessive, mais étant donné que tous ces patients n’ont pas été vaccinés contre le COVID-19 et que l’augmentation des cas s’est produite lorsque le virus du COVID était en forte circulation, cela suggère fortement que l’augmentation des cas de cette maladie rare est liée à l’exposition au virus ».
- la protéine MDA5 est retrouvée en quantités plus élevées chez les patients atteints de COVID et chez les patients atteints d’autres maladies impliquant MDA5 ;
- cette augmentation est bien liée à une réponse immunitaire anormale :
- des niveaux plus élevés de protéine MDA5 sont ainsi associés à des niveaux accrus d’interleukine-15, une protéine qui active les lymphocytes T ou les cellules immunitaires. Cette interaction pourrait contribuer à la réponse auto-immune.
Les auteurs souhaitent donc sensibiliser les médecins de soins primaires à cette nouvelle complication auto-immune rare, associée au COVID : « Il est important que les médecins comprennent les symptômes afin que les patients puissent être rapidement orientés vers un traitement et avoir les meilleures chances de guérison rapide et complète. Des vies pourraient sans aucun doute être sauvées, d’autres recherches sont absolument nécessaires pour mieux comprendre la maladie ».
Source : eBioMedicine 8 May, 2024 DOI : /10.1016/j.ebiom.2024.10513 MDA5-autoimmunity and interstitial pneumonitis contemporaneous with the COVID-19 pandemic (MIP-C)
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