Une intervention précoce après la première crise peut prévenir l’épilepsie à long terme et réduire au maximum les déficits cognitifs associés, conclut cette équipe de neurologues de de l’Université de Pennsylvanie. La recherche, publiée dans le Journal of Clinical Investigation révèle que seule une petite partie des neurones est activée dans le cerveau des épileptiques, ce qui pourrait indiquer des cibles prometteuses pour le développement de futures interventions.
L’épilepsie se caractérise par une activité excessive de certains neurones, qui génère des convulsions. De nombreuses recherches ont montré que le développement de l’épilepsie implique des modifications des synapses, qui sont des structures qui relient un neurone à un autre. Cela contribue à expliquer qu’environ la moitié des personnes épileptiques souffrent de troubles cognitifs, tels que des problèmes de mémoire ou de régulation émotionnelle. L’auteur principal, le Dr Frances E. Jensen, présidente du Département de neurologie de la Penn Medicine précise « qu’il existe un lien entre un cerveau épileptique, les troubles de la mémoire et des difficultés à contrôler ses émotions, cependant les mécanismes sous-jacents restent mal compris. Les traitements existants contre l’épilepsie aident uniquement à gérer les crises. L’objectif reste bien de développer des thérapies qui empêchent leur apparition ».
Le constat, ici effectué chez la souris, est en effet que
lors de la 1ère crise, seul un très faible pourcentage de neurones présente des changements après la crise.
Cependant ces altérations, même limitées, peuvent être permanentes et déclencher de futures crises qui peuvent affecter plus largement le cerveau et entraîner des troubles cognitifs, comme des troubles de la mémoire et de l’apprentissage. Les chercheurs testent ici un traitement expérimental qui, s’il est administré dans les 48 heures qui suivent la première crise, pourrait bien prévenir ces changements à long terme.
Intervenir très vite dès la première crise
L’étude utilise une méthode capable d’«étiqueter », chez la souris modèle d’épilepsie, les neurones de l’hippocampe – une zone couramment touchée par l’épilepsie et essentielle à la mémoire. Les chercheurs ont pu ainsi surveiller ces neurones activés au fil du temps et observer comment ils réagissaient aux crises ultérieures. Ces observations montrent que :
- seulement 20 % environ des neurones de l’hippocampe sont activés par les crises ;
- au fil du temps et des crises, cette suractivité des neurones réduit leur capacité à établir des connexions avec d’autres neurones, via les synapses, ce qui finit par réduire la capacité d’apprentissage ;
- précisément, les neurones hyperactifs perdent leur capacité à construire des synapses suffisamment solides.
Objectif, préserver ces neurones des modifications entrainées par les crises : c’est donc l’objectif de cette équipe qui espère, ainsi, pouvoir empêcher non seulement la progression de l’épilepsie, mais également éviter les déficits cognitifs associés. Les scientifiques testent un bloqueur expérimental des récepteurs du glutamate, appelé IEM-1460, qui permet de réduire l’hyperexcitabilité des neurones chez ces souris modèles d’épilepsie.
Lorsque le traitement intervient dans les 48 heures de la première crise,
les neurones ne s’activent alors pas de manière permanente, les crises futures sont très réduites, tout comme les effets cognitifs associés.
La recherche se poursuit afin d’identifier un bloqueur des récepteurs du glutamate qui agisse de manière similaire chez l’Homme et qui pourrait être administré aux personnes épileptiques, dès leur première crise.
Source: Journal of Clinical Investigation 1 March, 2024 DOI: 10.1172/JCI175167 Reversible synaptic adaptations in a subpopulation of murine hippocampal neurons following early-life seizures
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