La capacité fonctionnelle des personnes âgées est comme un écosystème qui peut s’effondrer à la moindre perturbation, relève cette équipe de l’Université de Jyväskylä (Finlande). Une chute suffit dans certains cas à mener à la perte d’autonomie et au décès. Cette recherche, publiée dans les Journals of Gerontology Series A, conclut, en synthèse, que chez les personnes âgées spécifiquement, une interconnexion très étroite entre les différents domaines de capacité fonctionnelle induit à la moindre dysfonction, une perte de résilience du système.
En effet, lorsque les domaines de capacité fonctionnelle sont étroitement interconnectés, une perturbation dans 1 seul des domaines peut affecter les autres et conduire à l’effondrement du fonctionnement global. Il est donc primordial d’envisager le fonctionnement dans sa globalité et de prendre en charge l’ensemble des aspects du bien-être physique et mental, chez la personne âgée.
La capacité fonctionnelle humaine peut et devrait être considérée comme un écosystème composé de différentes composantes telles que la mobilité, les fonctions sensorielles, cognitives et mentales. Avec le vieillissement, la résilience de ce système doit permettre à la personne « de se maintenir » et de se rétablir face à aux défis de la santé et de la vie.
L’étude basée en population générale regarde, pour la première fois, cette interdépendance des différents domaines de capacité fonctionnelle. L’analyse révèle que :
les domaines de capacité fonctionnelle sont beaucoup plus étroitement liés chez les personnes âgées
- et chez les personnes ayant déjà des problèmes de santé ;
- cette résilience du système de capacité fonctionnelle présente des caractéristiques très comparables à celles d’autres systèmes, tels que les systèmes naturels ou les modèles économiques : par exemple, une économie très internationalisées, au-delà des frontières nationales présente une plus grande vulnérabilité dans ses chaînes d’approvisionnement.
« Même si le corps et l’esprit sont interconnectés, ils doivent aussi rester suffisamment indépendants l’un de l’autre. Un système trop étroitement interconnecté peut conduire à un effet domino : une perturbation dans un domaine de fonctionnement peut se répercuter sur le reste du système, ce qui peut entraîner son effondrement ».
Qu’est-ce qu’un système résilient en santé ? Un système avec capacité fonctionnelle résilient dispose, par exemple, de réserves de force musculaire suffisantes, pour que sa détérioration, par exemple lors du repos au lit, n’entraîne pas une perte de mobilité, ce qui pourrait conduire à des symptômes physiques, métaboliques et dépressifs. Différentes ressources permettent également d’adapter les comportements afin de maintenir l’autonomie soit la une capacité d’accomplir les activités du quotidien.
« Les patients âgés sont généralement capables de s’adapter s’ils disposent d’une capacité de réserve suffisante. Ils compensent une capacité altérée par d’autres capacités », explique l’un des auteurs principaux, Taina Rantanen, professeur à l’Université de Jyväskylä. « Il reste possible de se déplacer malgré une mobilité réduite si l’on sait conduire une voiture. Mais au fur et à mesure que les mécanismes de compensation s’épuisent, la résilience de la capacité fonctionnelle se réduit elle-aussi ».
S’inspirer d’approches de résilience des systèmes issues d’autres disciplines pourrait permettre ainsi d’optimiser la prise en charge du patient âgé. Les avantages d’une approche de la prise en charge globale, centrée sur le patient sont en effet, de mieux en mieux démontrés. Cette recherche éclaire l’importance d’une telle approche pour préserver le fonctionnement quotidien et l’autonomie de la personne âgée. L’étude alerte sur ce que les auteurs nomment
« les points de bascule »,
déjà bien connus dans les systèmes naturels comme le réchauffement climatique par exemple, mais qui restent encore insuffisamment pris en compte dans le contexte de la santé et du fonctionnement humains.
Source: The Journals of Gerontology Series A 15 Feb, 2024 DOI: 10.1093/gerona/glae048 Investigating resilience through intrinsic capacity networks in older adults.
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