Cette équipe de biologistes et de médecins de l’Université de Washington découvre un lien possible entre un taux élevé de cortisol maternel et des complications imprévues à la naissance. Alors qu’une simple mèche de cheveux peut révéler le niveau de stress, cette découverte, présentée dans la revue Psychoneuroendocrinology pourrait à l’aide de ce test, contribuer à prévenir ces complications inattendues lors de l’accouchement.
Le cortisol, une hormone stéroïde, augmente chez les humains et de nombreux animaux pour réguler la réponse du corps au stress, mais un taux élevé de cortisol durable est associé à des problèmes de santé majeurs, dont l’hypertension artérielle et le diabète. Tout au long de la grossesse, les niveaux de cortisol augmentent naturellement jusqu’à être multipliés par 2 à 4 et culminent au cours du 3è trimestre, cependant cette étude révèle des niveaux de cortisol encore plus élevés chez les femmes ayant connu des complications lors de l’accouchement.
Stress, cortisol et résultats de naissance
L’étude a mesuré cette hormone du stress, le cortisol, dans des échantillons de cheveux de 53 participantes enceintes, au cours de leur 3è trimestre de grossesse. Les participantes ont toutes renseigné leurs niveaux de détresse psychologique, leurs niveaux de cortisol ont donc été évalués. L’analyse révèle que :
- 13 femmes qui présentaient des taux de cortisol élevés ont connu des complications imprévues lors de l’accouchement, telles qu’un accouchement prématuré ou une hémorragie ;
- toutes les participantes qui ont connu des complications inattendues lors de l’accouchement présentaient des concentrations élevées de cortisol dans les cheveux, ce qui constitue une mesure fidèle des niveaux circulant dans le corps ;
- ces participantes ont également signalé des sentiments de stress, d’anxiété et de dépression, mais seuls des niveaux élevés de cortisol pendant la grossesse étaient associés de manière significative aux résultats défavorables à l’accouchement ;
- 2 mois après l’accouchement, ces participantes ayant connu des complications à l’accouchement présentaient toujours un taux de cortisol élevé et souffraient toujours de niveaux élevés de stress, d’anxiété et de dépression ;
- à 6 mois, leur cortisol était toujours élevé, cependant ces participantes déclaraient alors une détresse psychologique un peu réduite, « ce qui pourrait être un signe de guérison », commentent les chercheurs.
L’un des auteurs principaux, Erica Crespi, biologiste ajoute que « rien chez ces patientes ne suggérait une maladie ou un facteur pouvant compliquer la grossesse. Cela a confirmé certaines hypothèses selon lesquelles les niveaux de stress, dont les niveaux de cortisol constituent un excellent marqueur, peuvent être associés à des issues défavorables de la naissance ».
Vers un test de dépistage ? La mesure des niveaux de cortisol, non invasive à partir d’une petite mèche de cheveux, pourrait ainsi permettre de détecter les femmes à risque plus élevé de résultats défavorables à l’accouchement. Trouver des moyens de réduire le stress lié à la naissance est évidemment aussi une piste à suivre pour améliorer les résultats pour les mères et leurs bébés.
Enfin, ces résultats doivent sensibiliser les futures et nouvelles mamans à la surveillance de leur propre santé.
« De nombreuses mères sacrifient leur santé pour donner la priorité à celle de leurs enfants, oubliant que leur capacité même à jouer leur rôle de parent dépend aussi de leur capacité à assumer leurs propres besoins ».
« On ne peut rien verser d’une tasse vide ».
Source: Psychoneuroendocrinology 22 Dec, 2024 DOI: 10.1016/j.psyneuen.2023.106921 Perinatal hair cortisol concentrations linked to psychological distress and unpredicted birth complications
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