L’œil est reconnu comme une fenêtre sur le cerveau et même sur le risque cardiaque, c’est également un excellent terrain d’étude de la santé du foie, révèlent ces scientifiques du Karolinska Institutet (Suède). Ils présentent dans la revue Nature Communications, une méthode innovante, pour étudier la fonction et les maladies hépatiques, via l’examen de la cornée, et sans procédures invasives.
La prévalence des maladies métaboliques augmente considérablement avec celle de l’obésité et en raison, aussi, du vieillissement des populations. Mais, ce qui frappe est leur incidence croissante chez les personnes plus jeunes et chez les enfants. La stéatose hépatique en fait partie et partage avec le diabète de type 2 un dysfonctionnement du métabolisme lipidique et de la régulation de la glycémie, contrôlés respectivement par le foie et le pancréas.
« Par conséquent, une surveillance continue et détaillée des changements fonctionnels dans ces organes est essentielle pour identifier les mécanismes de la maladie », explique l’auteur principal, le Dr Francesca Lazzeri-Barcelo, chercheur au Karolinska. « Grâce à cette nouvelle technique, nous espérons pouvoir désormais surveiller le développement de la stéatose hépatique au niveau cellulaire et nous commençons déjà à l’utiliser pour tester différents médicaments et stratégies thérapeutiques ».
En d’autres termes, le principe est d’éviter la biopsie du foie et ici précisément, d’utiliser la cornée utilisée comme une fenêtre sur le corps pour surveiller la santé du foie au fil du temps.
La cornée, un marqueur de la stéatose hépatique
L’étude apporte la preuve de ce nouveau concept chez la souris en transplantant de petites cultures cellulaires 3D de cellules hépatiques, appelées sphéroïdes, dans la chambre antérieure de l’œil. Il faut préciser que l’équipe transplante depuis 2008 des cellules et des mini-organes dans la chambre antérieure de l’œil de souris. « Ces dernières années, notre méthode s’est avérée être un outil de recherche puissant pour surveiller les îlots pancréatiques producteurs d’insuline au cours du développement du diabète de type 2. Cependant nous avons étendu notre approche à la recherche sur le foie ». L’équipe utilise ainsi la cornée de l’œil pour obtenir des indices sur les changements intervenus dans le foie au cours de la vie du modèle animal. Ces expériences montrent que :
- les cellules hépatiques s’attachent à l’iris de l’œil et sont alimentées en vaisseaux sanguins et en nerfs nécessaires à leur fonctionnement et à leur survie ;
- ces cellules conservent également leurs caractéristiques hépatiques typiques et semblent refléter la santé du foie de l’animal ;
- ainsi, ces sphéroïdes greffés dans l’œil stockent la graisse de la même manière que le foie de l’animal nourri avec un régime riche en graisses, ce qui signifie que
- l’implant agit bien comme un marqueur de stéatose hépatique.
« Cette approche unique ouvre une toute nouvelle approche de surveillance du foie dans les maladies métaboliques telles que l’obésité, le diabète de type 2 et la stéatose hépatique », comment l’un des auteurs principaux, le Dr Noah Moruzzi, professeur de médecine moléculaire et de chirurgie au Karolinska Institutet.
Il rappelle également que pour stopper ou retarder la progression de la maladie hépatique, il est bien nécessaire d’identifier ses mécanismes précoces et c’est mieux sans recourir à des méthodes invasives.
Source: Nature Communications 26 Jan, 2024 DOI: 10.1038/s41467-024-45122-4 Intraocular liver spheroids for non-invasive high-resolution in vivo monitoring of liver cell function
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