Les hommes ayant des troubles de la fertilité ou une infertilité, présentent également une vulnérabilité à plusieurs types de cancer, révèlent, dans la revue Human Reproduction, ces chercheurs de l’Université de l’Utah (Salt Lake City).
En pratique, les hommes qui présentent une très faible concentration ou une absence de spermatozoïdes dans leur sperme encourent un risque plus élevé de développer un cancer, en particulier à un âge plus jeune, par rapport aux hommes fertiles. Des antécédents familiaux d’infertilité masculine – dans la famille- pourraient donc inciter à détecter certains cancers, bien spécifiques selon le type d’infertilité.
Car la recherche révèle aussi que le niveau de risque et le type de cancer varient considérablement en fonction des types d’infertilité, soit un faible nombre de spermatozoïdes (sperme oligozoospermique : soit moins de 1,5 million de spermatozoïdes par millilitre de sperme) ou aucun (azoospermique).
De précédentes recherches ont suggéré que l’infertilité masculine est liée à un risque accru de cancer chez les hommes mais avec des résultats jusque-là incohérents. L’auteur principal, le Dr Loemy M Ramsay commente la recherche : « nous avons cherché à décrire dans quelle mesure les modèles de risque de cancer varient entre les différents groupes d’hommes hypofertiles. En identifiant les familles présentant des types de cancer similaires, nous pourrons peut-être découvrir des facteurs impliqués à la fois dans l’infertilité et le cancer ».
L’étude est menée sur les données d’analyses de sperme effectuées entre 1996 et 2017 de 786 participants hommes fréquentant des cliniques de fertilité dans l’Utah. Les chercheurs ont comparé ces données à celles de 5.674 hommes fertiles (groupe témoin)- ayant eu au moins un enfant pour confirmer leur fertilité. Les chercheurs ont également collecté des informations sur les parents au premier, deuxième et troisième degré à l’aide de la base de données démographiques de l’Utah. Les diagnostics de cancer ont été identifiés à partir du registre du cancer. Des études de séquençage ont recherché les mutations génétiques spécifiques susceptibles d’être à l’origine des associations entre l’hypofertilité et le cancer. Les niveaux de risque de cancers ont été évalués pour chaque famille. L’analyse constate que :
- parmi les hommes ayant des problèmes de fertilité, 426 étaient azoospermiques et 360 étaient gravement oligozoospermiques
- l’analyse des données de toutes les familles d’hommes azoospermiques révèle une augmentation significative du risque de 5 cancers : le cancer des os et des articulations (risque accru de 156 %), les cancers des tissus mous tels que les sarcomes (risque accru de 56 %), le cancer de l’utérus ( 27 % de risque accru), les lymphomes hodgkiniens (risque accru de 60 %) et le cancer de la thyroïde (risque accru de 54 %) ;
- l’analyse des données de toutes les familles d’hommes gravement oligozoospermiques révèle un risque significativement accru de 3 cancers : le cancer du côlon (risque accru de 16 %), des os et des articulations (risque accru de 143 %) et le cancer des testicules (risque accru de 134 %). Mais également et de manière surprenante, une diminution de 61 % du risque de cancer de l’œsophage ;
- le risque de cancer et les types de cancer varient considérablement parmi les familles d’hommes ayant des problèmes de fertilité, à la fois selon le type d’hypofertilité et également au sein du type d’hypofertilité : ces résultats peuvent contribuer à expliquer les associations incohérentes entre l’hypofertilité et le cancer obtenues dans de précédentes recherches ;
- à titre d’exemple, un risque accru de cancer des testicules est observé chez un tiers des familles d’hommes oligozoospermiques, mais l’augmentation de ce risque accru varie de 4 à 24 fois selon la famille ;
- ainsi, chez les familles des hommes azoospermiques, 13 groupes différents sont identifiés -en terme de niveau de risque et de types de cancers- dont 12 groupes présentent donc un risque accru de développer au moins un type de cancer ;
- chez les familles des hommes oligozoospermiques, 12 groupes distincts présentent également un risque accru d’au moins un type de cancer.
Cette recherche identifie ainsi
plusieurs modèles uniques de risque de cancer dans les familles d’hommes ayant une faible fertilité.
Des niveaux de risque qui peuvent également s’expliquer par des expositions ou des facteurs environnementaux, qui peuvent agir de manière synergique avec le profil de risque génétique pour augmenter le risque de certains cancers. Cependant, ces premiers modèles apportent une bien meilleure compréhension des mécanismes biologiques du cancer et de l’infertilité.
Dans un premier temps, cela va permettre aux médecins de faire des prédictions plus précises du risque de cancer pour leurs patients ayant des problèmes de fertilité et leurs familles, et de leur apporter ainsi des conseils plus personnalisés.
Source: Human Reproduction 22 Feb, 2024 DOI: 10.1093/humrep/dead270 Describing patterns of familial cancer risk in subfertile men using population pedigree data
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