Le traitement des cancers a, avant toute autre maladie, inspiré la nécessité d’une prise en charge globale et pluridisciplinaire, centrée sur le patient. En particulier, en raison des effets indésirables parfois durables des traitements. Cette équipe canadienne va plus loin en revenant sur les effets également socioéconomiques quasi-systématiques de la maladie. L’équipe de l’University of British Columbia (BC) et du BC Cancer Research Institute (Vancouver) sensibilise aussi à l’effet de « toxicité financière », une difficulté supplémentaire qui touche au moins un tiers des patients atteints de cancer. Ces conclusions, publiées dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ), mettent en exergue la double peine des patients touchés et à faible revenu, et suggère de nouvelles interventions de soutien social et financier.
Au moins un patient sur 3 diagnostiqués avec un cancer va rencontrer ces difficultés financières, que les auteurs appellent « toxicité financière », « qui fait référence aux coûts directs, indirects et émotionnels pour les patients suite à leur diagnostic de cancer et constitue un vrai facteur de risque de mauvais résultats et pronostic du cancer », précise l’auteur principal, le Dr Rachel Murphy, de l’Université de la Colombie-Britannique.
Traitements du cancer : une toxicité cellulaire et financière
Ainsi certains anticancéreux à emporter ne sont pas toujours financés par les assurances santé et au reste à charge éventuel de ces médicaments, viennent s’ajouter les frais des soins à domicile, de déplacement et de stationnement pour les nombreuses consultations, les frais d’hébergement pour les patients vivant loin de l’hôpital, une réduction des revenus, des frais de garde des enfants …
La toxicité financière accable ainsi la plupart des patients, et l’augmentation de l’incidence des cancers, notamment avec le vieillissement des populations et les coûts plus élevés des nouveaux traitements pourrait accroître ce fardeau et entraîner dans certains cas des reports de soins de santé.
Il existe des solutions pour réduire ce fardeau financier qui s’abat sur ce groupe de patients, comme un meilleur soutien financier pour les soins à domicile et l’équipement médical, des congés de maladie mieux aménagés, avec des allocations d’invalidité ainsi qu’une prise en charge complète des médicaments par les assurances santé. Les patients devraient être également être systématiquement mis en contact avec des services de soutien.
Comme pour d’autres pathologies et ALD, ce sont les patients à plus faible revenu qui supportent le fardeau le plus lourd lié à la maladie, en raison de cet effet de « toxicité financière » qui peut également impacter leurs résultats de santé.
L’appel est donc lancé à la transformation du système de santé pour une meilleure gestion aussi des fardeaux financier et émotionnel de la maladie.
Source: Canadian Medical Association Journal (CMAJ) 11 March, 2024 DOI: 10.1503/cmaj.230677 Tackling financial toxicity related to cancer care in Canada
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