Cette étude du Johns Hopkins Children’s Center rappelle l’impact négatif considérable de la pandémie COVID sur la santé mentale des jeunes, en particulier des jeunes issus des minorités ou des groupes plus défavorisés. La recherche, présentée dans la revue Academic Pediatrics apporte ainsi une nouvelle photographie du stress et des troubles de la santé mentale associés à la pandémie, chez les différents groupes d’adolescents.
La recherche s’est concentrée sur les effets de la pandémie sur les disparités préexistantes en matière de santé et de santé mentale notamment chez les jeunes, et confirme que les taux de dépression, d’anxiété et de pensées et comportements suicidaires ont considérablement augmenté pendant et après la pandémie. Ces augmentations d’incidence et de prévalence de problèmes de santé mentale, associés à la pandémie touchent particulièrement, -ici aux Etats-Unis- les jeunes femmes noires, asiatiques et hispaniques.
Un problème de santé publique réel, rémanent et urgent
« Nous devons lutter contre ce problème de toute urgence et sur tous les fronts », déclare ainsi l’auteur principal, le Dr Laura Prichett, professeur de pédiatrie à la Johns Hopkins University.
L’étude analyse les données des dossiers médicaux électroniques, de diagnostics de dépression, à d’anxiété et d’idéation suicidaire de 29.117 enfants et adolescents âgés de 8 à 20 ans. Les chercheurs ont également pris en compte les caractéristiques sociodémographiques et d’origine ethnique des participants. L’analyse confirme que :
- presque tous les sous-groupes présentent des taux de dépression et d’anxiété significativement plus élevés après la pandémie ;
- les taux d’anxiété ont considérablement augmenté- en particulier chez les jeunes femmes asiatiques, avec une augmentation de 136 %-
- les taux de dépression ont augmenté considérablement et dans tous les sous-groupes, les taux les plus élevés étant enregistrés chez les femmes ;
- enfin, les pensées et les comportements suicidaires ont considérablement augmenté dans tous les sous-groupes, notamment chez les jeunes femmes- l’augmentation la plus importante étant relevée chez les jeunes femmes asiatiques soit 171 % ;
- des facteurs de stress sont identifiés, comme spécifiques à chaque groupe socioculturel ;
- outre le stress causé par l’isolement ou la distanciation sociale, les préoccupations économiques et les soucis de santé font partie des facteurs majeurs de stress et de troubles anxieux.
Vers plus de recherche de soutien, de la part des jeunes ? Ces tendances à la hausse ne sont pas totalement négatives, car elles pourraient aussi, notent les chercheurs, refléter une meilleure détection de ces problèmes chez les jeunes et peut-être une tendance générale chez les jeunes, à aller plus fréquemment chercher de l’aide, auprès de leur médecin ou d’un psychologue.
« Les médecins remarquent davantage que les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ont besoin d’aide et ces jeunes vont également plus fréquemment rechercher une aide et un soutien ».
Cependant, d’autres interventions doivent être lancées pour répondre à cette préoccupation croissante, comme le dépistage universel des jeunes en santé scolaire et en soins primaires, l’élargissement des options de traitement et de soutien avec un financement et un accès accru à ces services.
Source : Academic Pediatrics 1 Feb, 2024 DOI : 10.1016/j.acap.2024.01.021 COVID-19 and Youth Mental Health Disparities: Intersectional Trends in Depression, Anxiety and Suicide Risk-Related Diagnoses
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