Les femmes qui sont atteintes d’obésité n’ont pas besoin de prendre du poids pendant la grossesse, suggère cette équipe du Karolinska Institutet. La recherche, publiée dans le Lancet, soutient l’idée d’abaisser voire de supprimer la recommandation actuelle d’une prise de poids d’au moins 5 kilos.
Les lignes directrices concernant la prise de poids pendant la grossesse chez les femmes obèses sont depuis longtemps remises en question. Ainsi, les directives internationales de l’US Institute of Medicine (IOM) stipulent que les femmes obèses devraient prendre un total de 5 à 9 kg pendant la grossesse vs 11,5 à 16 kg pour les femmes de poids normal.
Si, jusque-là aucune preuve n’avait justifié leur réexamen, cette nouvelle recherche du Karolinska Institutet s’inscrit en faux contre ces recommandations.
L’étude est basée sur l’analyse des dossiers de santé et des données de registre de 15.760 femmes obèses participant à la cohorte périnatale de Stockholm Gotland et suivies jusqu’à 8 ans après l’accouchement. 11.667 participantes souffraient d’obésité de classe 1, 3.160 d’obésité de classe 2 et 933 d’obésité de classe 3. Les chercheurs ont pris en compte 10 effets indésirables connus associés à la prise de poids pendant la grossesse soit, la pré-éclampsie, le diabète gestationnel, la rétention pondérale excessive après l’accouchement, la maladie cardiométabolique maternelle, l’accouchement par césarienne non planifiée, l’accouchement prématuré, une grande taille pour l’âge gestationnel et un petit poids de naissance, la mortinatalité et la mort infantile. Ces résultats indésirables ont été pondérés en fonction de leur gravité et combinés en un score composite. L’analyse constate :
- l’absence de risque accru de résultat composite indésirable avec une prise de poids inférieure aux directives actuelles de l’IOM chez les femmes des classes d’obésité 1 et 2 ;
- en d’autres termes, il n’y a pas de risque accru pour la santé de la mère ou de l’enfant si la prise de poids maternelle, durant la grossesse est inférieure à ces directives actuelles, pour les femmes avec IMC de 30 à 34,9 et 35 à 39,9 respectivement ;
- tout au contraire, les femmes souffrant d’obésité de classe 3 (IMC supérieur à 40),
pourraient bénéficier d’une prise de poids inférieure aux lignes directrices actuelles ;
- ainsi, l’absence de prise de poids durant la grossesse chez ces femmes souffrant d’obésité de classe 3 (c’est-à-dire 0 kg) est associée à une réduction du score d’effets indésirables d’environ 20 %.
« Pris ensemble, ces résultats soutiennent la révision voire la suppression de la limite actuellement recommandée d’un gain de poids de 5 kg, durant la grossesse, pour les femmes souffrant d’obésité », conclut l’auteur principal, le Dr Kari Johansson, professeur de médecine à l’Université : « nous espérons que nos recherches pourront inciter au réexamen des lignes directrices nationales et internationales sur la prise de poids pendant la grossesse ».
L’équipe va poursuivre ses recherches, maintenant auprès de femmes souffrant d’insuffisance pondérales et de femmes… de poids normal.
Source: The Lancet 28 March, 2024 DOI: 10.1016/S0140-6736(24)00255-1 Safety of low weight gain or weight loss in pregnancies with class 1, 2, and 3 obesity: a population-based cohort study
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