Cette analyse de mégadonnées épigénétiques, menée au Riken Center for Integrative Medical Sciences (Japon) révèle de nouvelles cibles pour traiter le cancer de l’ovaire, un cancer complexe à diagnostiquer et à mauvais pronostic. Cette recherche, » multiomique » (qui combine la génomique, de la métabolomique, la transcriptomique et la protéomique), présentée dans la revue Experimental & Molecular Medicine, confirme une voie moléculaire permettant de réduire la formation de tumeurs ovariennes.
Le cancer de l’ovaire est l’un des cancers les plus difficiles à traiter, le carcinome séreux de l’ovaire de haut grade (HGSOC : high-grade serous ovarian carcinoma) étant le plus mortel. Ce type de cancer, n’est pas provoqué par une seule mutation, ce qui le rend difficile à traiter. C’est pourquoi l’équipe s’est concentrée sur les profils épigénétiques qui affectent l’expression des gènes durant le développement de ce cancer, plutôt que sur les séquences d’ADN.
Le HGSOC prenant son origine dans les trompes de Fallope, les cas les plus difficiles ne répondent toujours pas à la chimiothérapie.
La recherche prédit que certains des facteurs qui contrôlent l’expression des gènes se comportent anormalement au cours de la tumorigenèse ovarienne. Identifier ces anomalies suggère de nouveaux traitements du carcinome séreux de l’ovaire, le cancer de l’ovaire le plus fréquent et le plus mortel- et qui ne répond pas bien à la chimiothérapie.
L’étude menée par Hidenori Machino, chercheur au Riken, analyse ces mégadonnées afin d’identifier les changements dans l’expression des gènes lorsque les cellules des trompes de Fallope humaines deviennent cancéreuses. Les chercheurs ont travaillé à l’aide de plusieurs techniques à haut débit, pour acquérir une nouvelle compréhension des systèmes biologiques complexes en marche lors du développement du cancer. L’analyse, menée sur des cellules dérivées de cellules épithéliales des trompes de Fallope humaines, identifie une dérégulation dans plusieurs voies de signalisation. Cette analyse « omique » révèle :
- des facteurs spécifiques qui contrôlent l’expression des gènes et qui se comportent anormalement au cours de la tumorigenèse ;
- ces observations sont confirmées par la comparaison des niveaux de protéines entre les cellules normales et cancéreuses ;
- certaines protéines spécifiques, connues sous le nom de complexe AP-1, sont hyperactives dans les cellules cancéreuses : elles stimulent la croissance et la propagation des cellules cancéreuses ;
- un autre ensemble de protéines, la famille GATA, qui aide normalement à contrôler le comportement cellulaire, se révèle moins efficace dans les cellules cancéreuses ;
- des gènes spécifiques – MAF, GATA6 et DAB2 – jouent également un rôle crucial dans le contrôle de la croissance du cancer : au début de la tumorigenèse, ces gènes sont supprimés épigénétiquement, et leur absence d’expression contribue alors à la formation des tumeurs. L’activation excessive de la protéine Ras est également observée avec cette suppression épigénétique.
Vers un traitement efficace ? Un médicament capable de bloquer cette cascade d’événements pourrait en effet inverser la tendance. Les chercheurs testent le trametinib, un médicament capable d’inhiber la signalisation Ras et observent des signes de contrôle épigénétique revenus à la normale. Le trametinib fait partie des inhibiteurs de MEK qui pourraient être efficaces pour prévenir la tumorigenèse du cancer de l’ovaire.
Ainsi, ces résultats suggèrent de nouvelles approches thérapeutiques pour ce cancer très difficile à traiter.
Source: Experimental & Molecular Medicine Oct, 2023 DOI: 10.1038/s12276-023-01090-1 Integrative analysis reveals early epigenetic alterations in high-grade serous ovarian carcinomas
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