Alors que l’on a longtemps pensé que le système immunitaire d’un nouveau-né était une version immature de celui d’un adulte et donc moins efficace, cette équipe d’immunologues de la Cornell University (New York) révèle que les bébés utilisent leur système immunitaire différemment, mais tout à fait efficacement. La recherche, publiée dans la revue Science Immunology montre que les cellules T des nouveau-nés – les globules blancs qui protègent contre les maladies – surpassent celles des adultes contre de nombreuses infections.
Ces travaux contribuent à clarifier pourquoi les adultes et les nourrissons réagissent différemment aux infections et ouvrent la voie au contrôle de l’action des lymphocytes T à des fins thérapeutiques. Les auteurs principaux, Brian Rudd, professeur agrégé de microbiologie et d’immunologie, et Andrew Grimson, professeur de biologie moléculaire et de génétique rappellent que :
- les lymphocytes T adultes surpassent les lymphocytes T nouveau-nés dans des tâches telles que la reconnaissance des antigènes, la formation d’une mémoire immunologique et la réponse aux infections répétées ;
- cependant, au cours de la pandémie de COVID-19, les nourrissons ont mieux résisté à l’infection.
Les lymphocytes T du nouveau-né ne sont ni faibles, ni déficients, ni altérés
L’étude démontre que les lymphocytes T des bébés sont plutôt impliqués dans une partie du système immunitaire qui ne nécessite pas de reconnaissance antigénique : soit le bras inné du système immunitaire ou « immunité innée ». Alors que les lymphocytes T adultes utilisent l’immunité adaptative -qui reconnait des germes spécifiques déjà rencontrés pour mieux les combattre plus tard – les lymphocytes T nouveau-nés sont activés par des protéines associées à l’immunité innée, la partie du système immunitaire qui offre une protection rapide mais non spécifique contre les microbes que le corps n’a jamais rencontrés.
Les cellules T néonatales ne sont pas altérées, elles sont simplement différentes des cellules T adultes et ces différences reflètent probablement le type de fonctions les plus utiles à l’hôte à différentes étapes de la vie, expliquent les scientifiques. Ainsi, les lymphocytes T nouveau-nés sont capables de faire quelque chose que la plupart des lymphocytes T adultes ne sont pas capable de faire :
réagir dès les premiers stades d’une infection et se défendre contre une grande variété de bactéries, parasites et virus encore inconnus.
Les cellules T néonatales ont donc, en réalité, une capacité accrue à protéger l’hôte contre les premiers stades d’une infection initiale. Il serait donc faux de dire que « les lymphocytes T adultes sont meilleurs que les lymphocytes T néonatals ou que les lymphocytes T néonatals sont meilleurs que les lymphocytes T adultes. Ils ont juste des fonctions différentes ».
Certaines cellules T néonatales persistent chez l’Homme adulte. Les chercheurs vont donc maintenant regarder comment le nombre relatif de cellules T néonatales chez l’adulte peut aussi contribuer, dans un sens ou l’autre, à sa vulnérabilité ou à sa protection contre l’infection.
Source: Science Immunology 23 Feb, 2024 DOI: 10.1126/sciimmunol.adf8776 The gene regulatory basis of bystander activation in CD8+ T cells
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