Pourquoi les jeunes femmes atteintes de sclérose en plaques (SEP) sont-elles confrontées à de telles disparités
en matière d’accès aux soins de santé ? Alors qu’il existe des thérapies récentes ayant le potentiel de bloquer ou de retarder la progression de la SEP, cette recherche menée par une équipe de neurologues de l’Université de Californie – San Francisco (UCSF, publiée dans la revue Neurology, met en lumière des disparités d’accès et de résultats de santé, selon les communautés.
La SEP, qui touche principalement les femmes est caractérisée par une attaque du système immunitaire sur la myéline, l’enveloppe protectrice des fibres nerveuses, ce qui perturbe l’influx nerveux. Les symptômes comprennent des problèmes intestinaux et vésicaux, des douleurs et des difficultés de vision et de marche.
La recherche révèle à quel point les femmes des minorités ont un risque accru de progression de la maladie et finalement de maladie plus avancée et comment elles peuvent être confrontées à plus de difficultés durant leur grossesse.
L’étude analyse et suit les dossiers médicaux de 294 patientes souffrant de SEP, suivies dans 9 centres spécialisés, et dont la grossesse a abouti à une naissance vivante. Environ la moitié de ces patientes étaient blanches, les autres participantes appartenaient à des communautés dans l’ensemble moins favorisées. L’analyse révèle que :
près de 95 % des participantes souffraient de SEP récurrente,
- le type de maladie le plus courant dans lequel des poussées alternent avec des périodes de guérison ;
- les femmes appartenant aux minorités noires et hispaniques sont confrontées à des désavantages socio-économiques susceptibles de réduire leur accès aux soins de santé adaptés ;
- les femmes issues de minorités avaient un classement EDSS (Expanded Disability Status Scale) de 1,5, correspondant à des symptômes dans plus d’un système fonctionnel ;
- les femmes blanches avaient un classement EDSS moyen de 1, l’équivalent de symptômes dans un système fonctionnel tel que la vision, les intestins ou la vessie, ou des troubles de l’équilibre et de la coordination ;
- alors que des niveaux d’inflammation plus élevés signalent une progression plus avancée de la SEP, les femmes des minorités présentaient également des niveaux d’inflammation plus élevés avant et après la grossesse, ce qui indique qu’elles étaient plus susceptibles de présenter des pertes plus importantes de myéline et des lésions des axones ;
- les femmes appartenant à des minorités sont légèrement moins susceptibles de passer une échographie à 14 semaines ;
- ces mêmes participantes étaient plus de 2 fois plus susceptibles de subir une césarienne d’urgence ou de donner naissance à des bébés de faible poids de naissance ;
- en revanche, toutes les participantes présentaient des taux d’allaitement comparables, ce qui protège contre les rechutes de SEP, cependant les mères issues de minorités allaitent sur une plus courte durée.
L’auteur principal, le Dr Riley Bove, neurologue à l’UCSF et de l’Institut Weill des neurosciences : « Au moment de la conception, ces femmes sont plus susceptibles de vivre dans des quartiers défavorisés, d’être sans emploi, moins susceptibles de bénéficier d’une assurance maladie privée et donc plus susceptible de reporter les soins ».
Pris ensemble, ces résultats mettent en évidence l’importance de prendre en compte l’origine ethnique et le handicap chez les femmes atteintes de SEP.
Source: Neurology 23 Jan, 2024 DOI : 10.1212/WNL.0000000000208100 Disparities by Race in Pregnancy Care and Clinical Outcomes in Women With Multiple Sclerosis
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