Le cancer du sein peut aussi se développer chez les hommes, le cancer du sein masculin représentant 1 % du total des cancers du sein. Cependant, cette incidence modeste contribue à expliquer le manque de données sur ce cancer chez les hommes. Cette équipe de généticiens de la Weill Cornell Médecine (New York) vient de décrypter le génome du cancer du sein masculin. Ces données, publiées dans la revue Modern Pathology constituent une étape importante pour traiter ce cancer du sein chez les hommes, dont l’incidence augmente à un rythme beaucoup plus rapide que chez les femmes.
Le cancer du sein masculin est caractérisé en effet par des altérations distinctes du génome tumoral de celui des femmes, et peut révéler des cibles thérapeutiques possibles. D’autant que la plupart des hommes ignorent jusqu’à l’« existence » de ce cancer et ceux qui portent des facteurs de risque génétiques ne sont pas conscients du risque qu’ils courent. Ainsi, ce cancer a tendance à être diagnostiqués à des stades plus avancés chez les hommes, avec, par conséquent, de moins bons résultats thérapeutiques.
Cette première analyse de séquençage du génome entier du cancer du sein masculin, qui a examiné l’ensemble de l’ADN de biopsies de tumeurs de 10 patients, suggèrent de nouveaux marqueurs diagnostiques et cibles thérapeutiques possibles.
L’étude révèle en effet des mutations génétiques spécifiques et des profils moléculaires susceptibles d’avoir un impact sur le diagnostic et le traitement. L’analyse de biopsies de patients atteints identifie :
- des mutations dans plusieurs gènes déjà connus pour favoriser la croissance du cancer ;
- des variantes structurelles ou sites du génome où l’ADN s’est brisé et réorganisé, ces variantes semblant avoir un impact sur 5 autres gènes associés au cancer ;
- 2 des patients présentaient également des variations du gène BRCA2 qui altèrent la réparation de l’ADN, une cause fréquente de cancer du sein chez les femmes ;
- l’analyse de 18 nouveaux échantillons de tumeurs constate que 21 % des tumeurs présentent 10 à 20 copies excédentaires du gène FGFR1, déjà documenté comme lié à des tumeurs résistantes au traitement chez certaines femmes atteintes d’un cancer du sein ; ce gène est déjà une cible médicamenteuse, précisent les auteurs.
Vers de nouveaux traitements ? La bonne nouvelle est que des thérapies anticancéreuses sont disponibles pour cibler les variations génétiques identifiées chez 8 des 10 hommes, ouvrant ainsi de nouvelles voies de traitement. Par exemple,
- des médicaments tels que l’immunothérapie et les inhibiteurs de PARP pourraient être efficaces chez les hommes présentant des variations du gène BRCA2 et un nombre élevé des mutations tumorales identifiées ;
- les réarrangements dans le gène NTRK1 déclencheurs de cancer peuvent répondre à certains inhibiteurs de kinases ;
- enfin, les mutations génétiques identifiées inspirent de nouvelles thérapies ciblées.
Même si des recherches plus vastes devront confirmer ces premiers résultats de la recherche, ils suggèrent déjà qu’il sera nécessaire d’adapter les traitements à cette population de patients masculins sous-étudiée, concluent les auteurs.
Source: Modern Pathology 16 Feb, 2024 DOI : 10.1016/j.modpat.2024.100452 Whole-Genome Sequencing Analysis of Male Breast Cancer Unveils Novel Structural Events and Potential Therapeutic Targets
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