Un médicament capable non seulement de limiter, chez les enfants, les réactions dangereuses aux aliments déclencheurs d’allergies mais aussi, accessoirement d’apporter une meilleure sécurité car il ne peut pas déclencher de réactions allergiques, comme l’immunothérapie orale, c’st la molécule proposée par cette équipe d’immunologues de la Stanford School of Medicine : le médicament, l’omalizumab, se lie aux anticorps provoquant des allergies. La recherche publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM), suggère que l’utilisation régulière du médicament pourrait ainsi protéger les patients allergiques et pour de très nombreux aliments.
Les allergies alimentaires touchent environ 8 % des enfants et 10 % des adultes dans les pays riches. Il est conseillé aux personnes souffrant d’allergies graves d’éviter complètement les aliments déclencheurs d’allergies, mais les allergènes courants tels que les arachides, le lait, les œufs et le blé peuvent être subrepticement présents dans de nombreux aliments.
L’auteur principal, le Dr Sharon Chinthrajah, professeur agrégé de médecine et de pédiatrie et chercheur sur l’asthme à Stanford insiste sur « les impacts sociaux et psychologiques importants des allergies, notamment la menace de réactions qui peuvent mettre la vie en danger ». L’auteur ajoute : « Je suis ravie que nous disposions d’un nouveau traitement prometteur pour les patients allergiques à plusieurs aliments. Cette nouvelle approche confirme de très bonnes réponses pour de nombreux aliments déclencheurs d’allergies ».
L’omalizumab, un médicament déjà approuvé par l’agence américaine
Food and Drug Administration (FDA) pour le traitement de l’asthme allergique et l’urticaire chronique, se lie aux anticorps responsables de nombreux types d’allergies et les inactive. Sur la base de ces nouveaux résultats, la FDA vient d’approuver également l’omalizumab pour le traitement des allergies alimentaires.
L’étude est menée auprès de 118 participants gravement allergiques aux arachides et à au moins 2 autres aliments, dont 38 % âgés de moins de 6 ans. Après quatre mois d’injections mensuelles ou bimensuelles d’omalizumab,
- les deux tiers de ceux ayant reçu le médicament ont pu consommer en toute sécurité de petites quantités des aliments déclencheurs de leurs allergies.
Par ailleurs, le médicament présente un très bon profil de sécurité : dans le meilleur traitement actuellement disponible contre les allergies alimentaires, appelé immunothérapie orale, les patients ingèrent de minuscules doses progressivement croissantes d’aliments déclencheurs d’allergies sous la supervision d’un médecin, afin de développer leur tolérance. Mais l’immunothérapie orale elle-même peut déclencher des réponses allergiques, la désensibilisation aux allergènes peut prendre des mois, voire des années, et le processus est particulièrement long pour les personnes souffrant de plusieurs allergies alimentaires. Avec l’omalizumab, le risque de réactions allergiques est naturellement considérablement réduit.
Enfin, il existe un besoin réel d’autres alternatives de traitement.
L’omalizumab est un anticorps injecté qui se lie et désactive tous les types d’immunoglobine E, ou IgE, la molécule allergène présente dans le sang et sur les cellules immunitaires de l’organisme. Dans cette étude, l’omalizumab semble capable de soulager simultanément plusieurs allergènes alimentaires. L’omalizumab apparaît sûr et n’a provoqué aucun effet secondaire, à l’exception de quelques cas de réactions mineures au site d’injection. Cette étude confirme donc sa sécurité chez des enfants dès l’âge d’un an.
Il reste cependant des questions sans réponse : « combien de temps les patients doivent-ils prendre ce médicament ? Avons-nous modifié définitivement le système immunitaire ? Quels facteurs permettent de détecter les patients qui auront la réponse au traitement la plus forte ? Nous ne le savons pas encore ».
Source: New England Journal of Medicine 25 Feb, 2024 DOI: 10.1056/NEJMoa2312382 Omalizumab for the Treatment of Multiple Food Allergies
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