La compréhension de la biologie de la grossesse et des maladies ou complications liées à la grossesse, comme le placenta accreta permet l’amélioration des soins prodigués aux femmes enceintes et à leurs bébés. Cette étude, menée par des gynécologues de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA) y contribue à cette compréhension, en apportant, dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, une nouvelle raison pour laquelle le placenta ne se sépare pas correctement à la naissance, mettant alors la mère et le nouveau-né en danger.
L’incidence des troubles du spectre du placenta accreta (TSPA) a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, pourtant leur cause restent mal comprise, même si les accouchements par césarienne sont reconnus comme l’un des facteurs de risque. Aujourd’hui, l’incidence des TSPA est estimée à environ 1 naissance sur 272.
La recherche permet, pour la première fois, de recenser les changements génétiques et cellulaires à la base des TSPA. Ces nouvelles données pourraient changer radicalement la façon dont les gynécologues et les scientifiques comprennent, diagnostiquent et traitent les TSPA, relève l’auteur principal, le Dr Yalda Afshar, médecin et chercheur à UCLA Health.
Une perte de limites entre utérus et placenta
Jusque-là on pensait que certaines cellules placentaires trop invasives, appelées trophoblastes, étaient responsables du maintien de la connexion intacte. Mais la nouvelle recherche, en identifiant les changements génétiques et cellulaires au sein des cellules individuelles au site même où le placenta et l’utérus se rejoignent, attire l’attention sur la manière dont le support structurel des tissus et des vaisseaux sanguins de l’utérus peut provoquer une « perte des limites normales » entre le placenta et l’utérus.
L’étude utilise 2 nouvelles techniques d’analyse unicellulaire et développe un atlas des cellules impliquées dans le placenta accreta, à partir de l’analyse de plusieurs biopsies placentaires issues de 12 placentas dont 6 « atteints » de TSPA et 6 non-atteints. Les chercheurs ont effectué l’analyse de l’ARN unicellulaire de 31.406 cellules individuelles.
- un sous-ensemble de gènes spécifiquement exprimés dans le trouble du spectre du placenta accreta est identifié ;
- ces gènes favorisent le développement d’un « environnement permissif » ou favorale à la fixation anormale du placenta à la muqueuse utérine ;
- la caduque, la couche de la muqueuse utérine qui se forme pendant la grossesse, et les vaisseaux sanguins, envoient des signaux différents -en cas de placenta accreta.
La recherche caractérise ainsi plus précisément la relation intime entre les tissus maternels et fœtaux au niveau du site d’accreta en identifiant les gènes et les voies de signalisation en cause. Autant de cibles, expliquent les chercheurs, qui vont permettre le développement de nouveaux tests de diagnostic, de suivi de progression de la condition, au fil de la grossesse, et peut-être de découvrir de nouveaux traitements.
Source: American Journal of Obstetrics and Gynecology 30 Jan, 2024 DOI: 10.1016/j.ajog.2023.10.001 Placenta accreta spectrum disorder at single cell resolution: a loss of boundary limits in the decidua and endothelium
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