« La maladie X » ou « pandémie X » est le nom générique donné par certains chercheurs aux menaces infectieuses émergentes et inconnues, telles que les nouveaux coronavirus. Aujourd’hui, c’est devenu le terme générique utilisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour désigner un agent pathogène hypothétique non identifié qui pourrait constituer une menace importante pour les humains. La pandémie X a peut-être trouvé ses précurseurs, avec ces travaux menés par les virologues de l’Université d’Edimbourg, présentés dans la revue Molecular Biology and Evolution, et qui vont contribuer à la préparation aux futures pandémies.
Cette équipe écossaise précise les antécédents familiaux du virus qui permettent aujourd’hui d’identifier les souches susceptibles de causer les « prochaines » pandémies X. En d’autres termes, la recherche identifie ainsi 70 lignées de virus ou familles de virus apparentées qui représentent le plus grand risque. Elle suggère également comme peu probable que les virus ayant d’autres origines génétiques puisse provoquer un nombre élevé d’infections chez l’Homme.
L’ascendance du virus aide à prédire la prochaine pandémie
Les antécédents familiaux du virus pourraient aider les scientifiques à identifier les souches susceptibles de déclencher ce qu’on appelle la maladie X, à l’origine de la prochaine pandémie mondiale.
Les virus à ARN véhiculent leur information génétique sous forme d’ARN, une structure similaire à l’ADN. Certains de ces virus sont à l’origine de nombreuses maladies, notamment le rhume, le COVID-19 ou encore la rougeole, et ont été responsables de la plupart des épidémies, ou pandémies mondiales.
Leur surveillance au sein des populations animales peut contribuer à identifier les plus susceptibles d’émerger et de se propager rapidement chez l’Homme. Cependant, cette tâche reste extrêmement difficile et coûteuse.
Une autre méthodologie, adoptée ici par l’équipe de l’Université d’Édimbourg consiste à retracer la lignée, ou l’arbre généalogique génétique du virus. C’est ce qu’accomplit ici l’équipe, pour 743 espèces distinctes de virus à ARN et pour suivre leur évolution, soit pour toutes les espèces actuellement connues comme pouvant infecter les humains. Les chercheurs ont ainsi pu comparer le développement de virus strictement zoonotiques – qui se propagent des animaux aux humains– avec des virus transmissibles par l’Homme, qui peuvent se propager au sein des populations humaines. Cette modélisation révèle que :
- les virus susceptibles de se propager au sein des populations humaines évoluent généralement bien différemment des virus strictement zoonotiques ;
- les virus à transmission interhumaine apparaissent souvent lorsque des virus apparentés issus de la même lignée peuvent déjà se propager entre humains ;
- historiquement, les virus strictement zoonotiques n’ont jamais entraîné d’épidémies chez les humains ;
- pour un virus, avoir un parent proche qui peut infecter les humains, mais qui ne se propage pas entre humains signifie un risque très faible de potentiel épidémique ;
au final, 70 lignées de virus ou familles de virus apparentées sont identifiées, qui représentent le plus grand risque « d’épidémie X ».
L’équipe prévient qu’il est encore possible -mais très faiblement- que la prochaine pandémie soit le résultat d’un virus strictement zoonotique – comme la grippe aviaire – ou d’un virus entièrement nouveau. Cependant, ces travaux permettent de concentrer la plupart des efforts de surveillance de la maladie X sur un ensemble plus réduit de virus à ARN existants.
L’un des auteurs principaux, le Dr Mark Woolhouse, professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses à l’Université d’Édimbourg conclut ainsi : « Les virus sans ascendance appropriée ne semblent pas poser un grand risque d’épidémies. Nous devrions nous concentrer sur ceux qui sont liés aux virus humains existants et présentant un potentiel épidémique. Cette étude réduit considérablement le champ de recherche sur la prochaine maladie X ».
Sources : Communiqué de l’Université d’Édimbourg Jess Conway 5 Jan, 2024 Virus ancestry could aid bid to predict next pandemic, study finds et Molecular Biology and Evolution 18 Jan, 2024 10.1093/molbev/msad272 Temporal Dynamics, Discovery, and Emergence of Human-Transmissible RNA Viruses
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