La marche est bien reconnue aujourd’hui comme un type d’activité à privilégier par les personnes plus âgées, c’est une pratique accessible à tous et adaptable en fonction de la condition physique de chacun, et dont les bénéfices pour la santé sont bien documentés. La vitesse et la durée de la marche sont également des marqueurs reconnus de santé. Cette nouvelle étude, menée par une équipe du Garvan Institute of Medical Research (Sydney) révèle que la capacité de marche est un marqueur précis du risque de fracture chez le patient âgé.
Ainsi, une simple question du médecin généraliste du type : « Pouvez-vous marcher un kilomètre ? » en dit long sur le risque futur de fracture, résume, en pratique, l’auteur principal, Jacqueline Center, professeur à l’Institut Garvan. Ainsi, le simple fait d’interroger un patient sur ses limitations éventuelles à marcher pourrait contribuer à identifier les patients qui ont besoin d’une évaluation plus approfondie de la santé osseuse et/ou de prescrire des examens et interventions complémentaires.
« Pouvez-vous marcher un kilomètre ? »
L’étude a examiné les données de 267.000 adultes âgés de 45 ans et plus participant à la Sax Institute’s 45 and Up Study, une cohorte qui suit les résultats de santé des adultes depuis plus de 15 ans. Les participants ont été interrogés sur leur capacité à parcourir différentes distances, avec des options de réponse telles que « pas du tout », « un peu » ou « tout à fait ». Les chercheurs ont recensé les cas de fractures au cours d’une durée de suivi de 5 ans. L’analyse révèle que :
1 adulte sur 5 de 45 ans et plus signale une limitation de la marche à l’inclusion ;
- les participants ayant le plus de difficultés à marcher sont significativement plus susceptibles de subir une fracture au cours du suivi ;
- les femmes ayant de fortes limites à leur capacité de marche sur 1 kilomètre encourent un risque de fracture accru de 60 % vs les femmes du même âge sans limitation ;
- chez les hommes, le risque est accru de plus de 100 % ;
- l’association est dose-dépendante, une plus grande limitation de la marche étant associée à un risque de fracture plus élevé ;
- 60 % de toutes les fractures recensées sont attribuables à un certain niveau de limitation de la marche ;
- ces corrélations valent toujours après prise en compte des différents facteurs de confusion possibles, tels que l’âge, les antécédents de chutes et de fractures et le poids corporel ;
- les résultats sont cohérents pour les différents sites de fracture comme les hanches, les vertèbres, les bras et les jambes.
« Les difficultés à marcher, même sur de courtes distances, semblent étroitement liées à un risque de fracture plus élevé au cours des cinq années suivantes », conclut l’auteur principal de l’étude, le professeur Jacqueline Center, responsable du laboratoire d’études cliniques et d’épidémiologie de Garvan : « Quelques questions simples sur la distance qu’une personne peut parcourir pourraient donner aux médecins un signe d’alerte précoce et les inciter à vérifier la santé des os ».
Autre constat et non des moindres, chez ces participants généralement en bonne santé, l’analyse constate en effet qu’1 personne sur 5 a des difficultés à marcher 1 kilomètre. Ces personnes pourraient considérablement bénéficier d’un dépistage de la densité osseuse ou d’un traitement préventif.
Il existe en effet des médicaments contre l’ostéoporose et des changements de mode de vie et d’autres interventions sont disponibles pour améliorer la solidité des os et éviter les premières fractures ou les fractures répétées.
L’évaluation du risque de fracture repose généralement sur un test de densité osseuse, que de nombreuses personnes ne réalisent jamais…Cette difficulté à marcher, même sur de courtes distances, qui apparaît ici étroitement liée au risque de fracture, incite à réaliser cet examen.
Source: JAMA Network Open 23 Jan, 2024 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2023.52675 Patient Self-Assessment of Walking Ability and Fracture Risk in Older Australian Adults
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