L’idée d’augmenter l’accès aux produits alimentaires frais, en particulier pour les groupes de populations les plus démunis, ce qui passe par une réduction des prix, pour optimiser en population générale les bénéfices d’une alimentation variée pour la santé, est bien une « vieille » idée. Encore faudrait-il que cette réduction sur les prix entraîne en pratique une augmentation de la consommation de ces aliments. C’est la question posée par cette équipe de nutritionnistes de la Mount Sinai School of Medicine, ici dans la revue PLoS ONE : l’analyse révèle que la baisse du prix ne suffit pas toujours à entraîner l’augmentation de leur consommation.
Un apport alimentaire varié, équilibré et nutritionnel peut avoir une influence majeure sur les indicateurs de santé, notamment sur l’indice de masse corporelle (IMC), la tension artérielle, le cholestérol et la glycémie. De nombreuses recherches ont montré que
les décisions d’achat de produits alimentaires sont principalement basées sur le goût et le coût.
Dans les pays riches, on estime que seuls 10 à 12 % des adultes respectent les recommandations en matière de consommation de fruits et légumes. Étant donné que le caractère abordable des produits alimentaires est un facteur limitant, l’équipe newyorkaise a fait l’hypothèse que des aliments à faible densité énergétique plus abordables, comme les fruits et les légumes, plus chers que les aliments à haute densité énergétique et moins sains, pourraient bien induire une augmentation de la consommation.
L’étude est un essai randomisé et contrôlé mené auprès d’un grand nombre de consommateurs- et d’acheteurs- clients de plusieurs supermarchés de la ville de New York. selon une période de référence de 8 semaines, une intervention de 32 semaines et un suivi de 16 semaines. Des rappels alimentaires de 24 heures ont été effectués pendant la période de référence et avant l’intervention. Les mesures de santé des participants dont le poids corporel, le taux de graisse corporelle, la tension artérielle, la glycémie à jeun, l’hémoglobine A1C et les lipides sanguins sériques ont été recueillies et analysées en semaines 8 et 24 (point médian de l’étude). L’analyse de ces données révèle que :
une réduction de prix de 30 % entraîne une augmentation significative de la consommation de légumes et de produits light ;
une réduction de 15 % n’induit qu’une augmentation non significative de la consommation de soda light et aucun changement pour les légumes. Ainsi, ce niveau de réduction des prix n’apparaît pas suffisant pour influencer la consommation de légumes ;
enfin, les réductions de prix, n’ont aucun impact sur la consommation de fruits.
L’étude nous apporte donc des enseignements sur l’impact du prix sur la consommation des différents types d’aliments. Concernant les fruits, il faudra sans doute plus qu’une baisse de prix, pour instaurer leur consommation régulière dans les régimes alimentaires occidentaux.
L’auteur principal, le Dr Alan Geliebter, professeur de psychiatrie à l’Icahn School of Medicine, expert de l’obésité, de la prise alimentaire et des troubles du comportement alimentaire, conclut : « Nos résultats mettent en évidence la nécessité de poursuivre les recherches pour parvenir à promouvoir et installer des comportements alimentaires plus sains ».
Source: PLoS ONE 22 Nov, 2023 DOI : 10.1371/journal.pone.0291770 Impact of a randomized controlled trial of discounts on fruits, vegetables, and noncaloric beverages in NYC supermarkets on food intake and health risk factors
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