Cet ouvrage consacré à la compréhension et à la gestion des troubles du comportement alimentaire (TCA), écrit par une équipe de professionnels spécialisés, dont deux auteurs touchés personnellement par ces troubles, révèle un phénomène social qui semble réduire l’accès aux patients des minorités au soutien et aux soins des TCA. Il s’agit du mythe de « la jeune fille blanche et riche », décrit ici par les auteurs comme « une barrière dangereuse pour les personnes des autres sexes et d’autres communautés qui peuvent eux-aussi, tout à fait souffrir de troubles de l’alimentation « . Au-delà de l’ensemble des informations apportées sur les facteurs de risque courants, les différents types de TCA, les derniers traitements et des conseils plus généraux aux familles, l’ouvrage appelle donc les professionnels de santé, et de la nutrition, à mieux détecter, reconnaître, traiter et surveiller ces troubles chez leurs patients quelles que soient leurs caractéristiques sociodémographiques.
Selon ces experts cette vision réductive des patients souffrant de TCA est bien à l’origine du fait que de nombreuses personnes atteintes restent non diagnostiquées et non traitées.
Les auteurs principaux, le Dr Janet Treasure, psychiatre, le Dr Elizabeth McNaught, médecin généraliste et Jess Griffiths psychothérapeute, ces deux dernières ayant surmonté leurs TCAs sensibilisent ainsi à ces stéréotypes qui impliquent que de trop nombreux patients n’osent même pas aller demander de l’aide à un professionnel. Les chercheurs rappellent à leurs collègues que ces troubles, même sévères, ne s’accompagnent pas obligatoirement de changement de poids.
La détection et l’intervention précoces peuvent sauver des vies
« On pense souvent que les troubles de l’alimentation affectent les filles maigres, blanches et de foyers aisés. Cependant, d’autres groupes dont des hommes, des personnes appartenant à des minorités ou des milieux défavorisés, les personnes transgenres peuvent rester aux prises avec leurs TCA sans recevoir de traitement pendant des années. Enfin, les TCA peuvent survenir à n’importe quel stade ou âge de la vie et toucher tout le monde, sans distinction d’origine, de sexe ou d’âge « .
Tous les troubles de l’alimentation doivent être pris au sérieux : tous les TCA, qu’il s’agisse de l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie boulimique ou d’autres pathologies méritent une prise en charge, c’est le deuxième message clé des auteurs. Car à ces TCA sont fréquemment liés d’autres facteurs, troubles ou comorbidités qu’il est essentiel de diagnostiquer.
Des témoignages de patients ayant souffert ou souffrant de TCA sont également publiés, qui apportent un espoir pour toutes les personnes encore en difficulté. Car
de nombreux patients s’en sont sortis, certains en quelques mois seulement, après avoir décidé de se faire aider.
Les cas cliniques les plus difficiles, écrivent les experts, se développent souvent chez des personnes qui cumulent « la pauvreté alimentaire, une consommation élevée d’aliments ultra-transformés meilleur marché et qui ne préparent pas leurs repas « maison » ».
L’indice de masse corporelle (IMC) peut être inutile dans de nombreuses situations, un patient pouvant courir des risques importants pour sa santé, tout en ayant un IMC « normal ».
Ainsi, les TCA ne sont pas réservés à un certain groupe sociodémographique et ne sont certainement pas qu’une « affaire de femmes ». Ils peuvent toucher “tout le monde”, dont cet appel à la vigilance des médecins, mais aussi à l’attention des proches.
Source : Eating Disorders: The Basics 21 Dec, 2023 DOI : 10.4324/9781003342762
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