Ces particules cellulaires de taille nanométrique appelées vésicules extracellulaires (VE), qui fonctionnent comme d’importants médiateurs de la communication intercellulaire en transportant des agents biologiques, notamment des protéines, des lipides et des acides nucléiques sont aujourd’hui préconisées comme vecteurs thérapeutiques dans le traitement de nombreuses maladies. Cette équipe de virologues de la National University of Singapore (NUS) Yong Loo Lin School of Medicine révèle dans la revue ACS Nano leur potentiel aussi dans la lutte contre le COVID et d’autres infections virales.
Ces particules entourées d’une bicouche lipidique et ne pouvant se répliquer, constituent déjà un axe prometteur de délivrance de traitements pour de multiples maladies, dont les maladies cardiaques, mais aussi dans le diagnostic, dont de certains cancers. Cette nouvelle recherche élargit leur application possible au traitement des maladies infectieuses.
Un axe prometteur pour contrer la « maladie X »
Les scientifiques de la NUS ont découvert que ces nanoparticules libérées par les cellules, peuvent en effet freiner l’infectiosité virale du SRAS-CoV-2 -à la fois de la souche de type sauvage et de ses variantes : « Notre étude montre que les VE sont des vecteurs efficaces de médicaments ciblant précisément les gènes viraux. Ces VE apparaissent donc un outil efficace pour le traitement du COVID-19 mais également d’autres maladies infectieuses ».
L’étude, menée en laboratoire de biosécurité de niveau 3 démontre la forte capacité d’une combinaison de thérapie par ARN à l’aide d’oligonucléotides antisens véhiculée par EV à inhiber l’infection COVID-19 chez des modèles animaux. Le principe consistant à neutraliser les gènes responsables en permettant à un oligonucléotide antisens ou fragment d’ARN synthétique de se fixer à l’ARN messager naturel du gène ciblé, afin de bloquer son expression. Cela a pour conséquence d’inactiver le gène ou de modifier la protéine codée.
Cet outil, de plus en plus documenté comme polyvalent, pourait être exploité pour cibler n’importe quel gène d’intérêt.
Précisément, l’équipe de Singapour utilise des VE dérivées de globules rouges humains pour administrer des ASO aux sites clés infectés par le SRAS-CoV-2, entraînant ainsi une suppression efficace de l’infection et de la réplication du SRAS-CoV-2 :
- les VE présentent des propriétés antivirales distinctes, capables d’inhiber les voies d’infection virale médiées par les récepteurs de la phosphatidylsérine (PS), une voie clé utilisée par de nombreux virus pour renforcer l’infection virale ;
- ces mécanismes inhibiteurs viraux se révèlent efficaces contre de multiples variantes du SRAS-CoV-2, notamment les souches Delta et Omicron.
Ainsi, la thérapie par ARN antisens via les VE se confirme comme prometteuse contre de futures épidémies virales. La plate-forme qui a été développée ici pour cibler les gènes viraux du SRAS-CoV-2 pourrait être adaptable pour contrer d’autres infections virales.
L’un des auteurs principaux, le Dr Justin Chu, chercheur à la NUS Medicine commente ces observations : « Cette technologie de plateforme d’administration basée sur des vésicules extracellulaires couplée à une thérapie antivirale est très prometteuse pour lutter contre un large éventail de virus et
même contre la maladie X ».
« La maladie X » est le nom générique donné par certains chercheurs aux menaces infectieuses émergentes et inconnues, telles que les nouveaux coronavirus.
Source: ACS Nano Oct, 2023 DOI : 10.1021/acsnano.3c06803 Red Blood Cell-Derived Extracellular Vesicles Display Endogenous Antiviral Effects and Enhance the Efficacy of Antiviral Oligonucleotide Therapy
Plus d’études autour des Vésicules extracellulaires
Laisser un commentaire