Cette équipe de la Chinese Academy of Sciences (Beijing) réussit à camoufler les cellules souches à partir desquelles seront obtenues les cellules hépatiques greffées, afin que celles-ci restent invisibles pour le système immunitaire. L’objectif, bien sûr, avec cette technique est d’éviter le rejet immunitaire. L’équipe démontre, dans les Stem Cell Reports, la capacité de survie de ces hépatocytes immunotolérants après l’allogreffe.
Les greffes de cellules et d’organes sauvent des vies, mais les patients éligibles sont confrontés à de longues listes d’attente en raison du manque de donneurs. Les greffes générées à partir de cellules souches constituent une alternative prometteuse pour atténuer la pénurie de donneurs d’organes. Cependant, le défi du don, qu’il s’agisse de tissus, d’organes ou de cellules est le rejet immunitaire.
À moins que le matériel du donneur ne soit soigneusement adapté au système immunitaire du receveur,
la greffe sera rejetée. De nombreuses équipes de recherche sur les cellules souches travaillent ainsi à trouver une solution à ce défi. Des recherches sont en cours pour générer des cellules souches dites hypoimmunogènes : le principe est de modifier génétiquement ces cellules souches ce qui modifient ensuite les tissus dérivés de ces cellules, afin qu’ils ne soient plus reconnus par le système immunitaire. Cette transformation permettrait en effet la génération de greffons à partir d’un stock universel de cellules souches sans avoir besoin de correspondance immunitaire.
Un autre défi, la formation de tumeurs : dans cette optique, subsiste néanmoins le risque possible de croissance incontrôlée et la formation de tumeurs à partir de cellules immatures résiduelles au sein du greffon, non contrôlées par le système immunitaire.
Afin de
surmonter les 2 risques de rejet immunitaire et de formation de tumeurs,
les chercheurs de l’Académie chinoise des sciences ont génétiquement modifié des cellules souches afin que les cellules hépatiques obtenues soient invisibles pour le système immunitaire mais aussi de manière à ce que les cellules souches immatures potentiellement tumorigènes soient toujours attaquées et éliminées par le système immunitaire. Ils utilisent, pour y parvenir, 2 protéines immunosuppressives fabriquées par les cellules une fois spécialisées en cellules hépatiques matures- sachant que les cellules souches immatures ne produisent pas ces protéines.
La preuve de concept chez la souris : la greffe de ces cellules chez des souris modèles de système immunitaire humain, confirme que les cellules souches immatures sont détruites, qu’il n’y a pas de développement de tumeurs et que les cellules hépatiques dérivées de cellules souches greffées sont bien protégées de toute attaque immunitaire. Ces cellules ont pu également prospérer.
L’approche marque donc un pas en avant pour les greffes réalisées à partir de cellules souches et se confirme prometteuse plus largement pour la greffe d’autres types de tissus dérivés de ces cellules souches : les chercheurs citent l’exemple de la perspective de greffes de cellules cardiaques ou de cellules pancréatiques…
Source : Stem Cell Reports 22 Nov, 2023 DOI: 10.1016/j.stemcr.2023.10.016 Induction of Local Immunosuppression in Allogenic Cell Transplantation by Cell-type-specific Expression of PD-L1 and CTLA4Ig
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