Il est vrai qu’il existe un débat de longue date sur les bénéfices cardiovasculaires possibles d’une consommation d’alcool très modérée. Cette nouvelle recherche, menée par des biologistes de l’Université de Boston et soutenue par le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA/NIH) précise via l’identification des métabolites circulants associés à la consommation d’alcool les effets positifs et négatifs de l’alcool sur le risque de maladie cardiovasculaire. Des données publiées dans la revue BMC Medicine, qui aboutissent à 2 scores de métabolites -ou signatures- associés à la consommation d’alcool reflétant des associations opposées avec le développement des maladies cardiovasculaires.
Ainsi, certaines personnes répondent bien de manière plus positive à une consommation modérée d’alcool.
De précédentes recherches ont en effet suggéré qu’une consommation modérée d’alcool peut réduire le risque de maladie cardiovasculaire mais d’autres, plus récentes, ont également suggéré qu’une consommation modérée mais régulière d’alcool peut être nocive pour la santé cardiaque. Cette nouvelle analyse apporte par l’étude des métabolites associés à l’alcool, un tout nouvel éclairage sur cette relation complexe.
60 métabolites circulants associés à l’alcool,
sont ici identifiés qui semblent produire des effets contraires sur le risque de maladie cardiaque.
En d’autres termes, la recherche confirme ses effets possibles contraires sur le risque de maladies cardiovasculaires, en fonction de la présence biologique de certains métabolites en circulation- les métabolites étant des molécules produites pendant ou après la métabolisation de l’alcool, et pouvant « servir » de biomarqueurs de ses effets sur la santé cardiovasculaire.
L’étude qui a analysé les échantillons de sang de 2.428 participants de la Framingham Heart Study Offspring, dont 636 ont développé une maladie cardiovasculaire au cours du suivi, identifie 60 métabolites clés liés à la consommation d’alcool :
- 13 métabolites s’avèrent plus fortement associés à la consommation d’alcool chez les femmes que chez les hommes, peut-être en raison de la taille corporelle et du taux d’alcoolémie en rapport avec la taille ;
- 7 métabolites circulants qui lient une consommation modérée d’alcool à long terme à un risque accru de maladies cardiovasculaires,
- 3 métabolites circulants qui associent ce même mode de consommation d’alcool à un risque plus faible de maladies cardiovasculaires ;
- ces découvertes ont permis de développer 2 scores ou signature, d’effets positifs vs négatifs de la consommation modérée d’alcool ;
- la consommation de différents types d’alcool est liée à différentes réponses métabolomiques, la consommation de bière générant globalement une réponse plus faible que celle du vin et des spiritueux.
Ces travaux identifient également les voies moléculaires activées par la consommation d’alcool à long terme et suggèrent de nouveaux axes de recherche, sur ces métabolites, pour la prévention et le traitement ciblés des maladies cardiovasculaires liées à l’alcool. En d’autres termes,
« la consommation d’alcool peut modifier nos profils métabolomiques, produisant des résultats à la fois bénéfiques et nocifs »,
résume l’un des auteurs principaux, le Dr Chunyu Liu, professeur à la Friedman School : « Étant donné que la majorité des participants étaient des consommateurs modérés d’alcool, nos résultats alimentent le débat en cours sur la relation entre la consommation modérée d’alcool et la santé cardiaque ».
La recherche va se poursuivre sur de plus larges échantillons, prenant en compte d’autres marqueurs moléculaires tels que les facteurs génétiques pour mieux préciser le lien entre les caractéristiques des métabolites et le risque cardiovasculaire. Avec, la perspective d’un test sanguin permettant de préciser le rapport bénéfice-risque de chacun à une consommation d’alcool modérée.
Source: BMC Medicine Nov, 2023 DOI: 10.1186/s12916-023-03149-2 Circulating metabolites may illustrate relationship of alcohol consumption with cardiovascular disease
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